L'affaire Siné
L'affaire Siné est une polémique basée sur une accusation d'antisémitisme à l'encontre du dessinateur et caricaturiste politique français Siné, de son vrai nom Maurice Sinet.
L'affaire débute le 2 juillet 2008, avec une chronique de Siné dans l'hebdomadaire Charlie Hebdo dans lequel celui-ci critique Jean Sarkozy, fils du président nouvellement élu, Nicolas Sarkozy. Il est reproché à Siné d'avoir déclaré : « Jean Sarkozy, digne fils de son paternel et déjà conseiller général de l'UMP, est sorti presque sous les applaudissements de son procès en correctionnelle pour délit de fuite en scooter. Le Parquet a même demandé sa relaxe ! Il faut dire que le plaignant est arabe ! Ce n'est pas tout : il vient de déclarer vouloir se convertir au judaïsme avant d'épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty. Il fera du chemin dans la vie, ce petit ! »
Philippe Val, directeur de la publication du journal, lui annonce alors son licenciement, le 15 juillet 2008.
De nombreux intellectuels français prennent parti dans la controverse, qui mêle plusieurs thèmes, dont ceux de l'antisémitisme - et de l'accusation d'antisémitisme -, mais aussi de ses rapports présumés avec l'antisionisme et la critique de l'État d'Israël ; la liberté d'expression, en particulier dans l'hebdomadaire satirique qu'est Charlie Hebdo, qui a publié peu de temps auparavant les caricatures de Mahomet du journal danois Jyllands-Posten, etc. Peu de temps après, Siné fonde Siné Hebdo.
Pour beaucoup de ses soutiens, le contexte interne à l'hebdomadaire satirique explique une part de la controverse, qui voit notamment une pétition de soutien en faveur de Siné circuler, ainsi qu'une tribune à charge rassemblant une vingtaine de signatures dans le journal le Monde.
Cette affaire donne lieu à plusieurs procès :
- Siné est poursuivi devant la 6e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Lyon par la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA) pour incitation à la haine raciale. Ce n'est pas le premier procès de Siné. En 1985, Siné avait déjà été accusé, notamment par la LICRA, d'avoir tenu des propos antisémites. Le Procureur général de chaque procès requiert la relaxe1,2. Il est finalement relaxé de l'accusation d'antisémitisme le 24 février 2009, les juges considérant qu'il avait usé de son droit à la satire3.
- Siné poursuit Claude Askolovitch en diffamation devant la chambre de la presse du tribunal correctionnel de Paris, plainte dont il est débouté le 3 mars 20094.
- Le 30 novembre 2010, le tribunal de grande instance de Paris a condamné la société les Éditions Rotatives, société éditrice du journal Charlie Hebdo, à payer à Siné 40 000 euros de dommages et intérêts pour rupture abusive de leur collaboration.
- En décembre 2012, la cour d’appel de Paris confirme la condamnation de Charlie Hebdo et augmente le montant des dommages et intérêts à 90 000 euros 5.