Le viaduc du Polcevera - pont Morandi

Le viaduc du Polcevera (appelé aussi pont Morandi, du nom de son ingénieur, Riccardo Morandi) était un pont à haubans qui permettait à l’autoroute des Fleurs (A10) de franchir le torrent Polcevera, à Gênes, entre les quartiers de Sampierdarena et de Cornigliano.

Description

Il a une longueur de 1 182 m, une portée de 210 m, une hauteur de 45 m, et 3 pylônes en béton armé qui ont une hauteur de 90 m.

Les ponts à haubans construits par Riccardo Morandi présentent une architecture caractéristique comprenant un très faible nombre de haubans, seulement deux par travée sur un certain nombre de ponts, dont celui-ci, et les haubanssont construits en béton armé au lieu de câbles métalliques.

Cette disposition, bien qu'impressionnante, est plus onéreuse qu'un pont à multiples haubans métalliques. Un pont construit par Morandi au Venezuela sur un modèle identique, le pont du Général-Rafael-Urdaneta, s'est en partie effondré en 1964 après avoir été percuté par un pétrolier.

Historique

Projeté par Riccardo Morandi, il a été construit entre 1963 et 1967 par la Società Italiana per Condotte d'Acqua. Il a été inauguré le 4 septembre 1967 par le président Giuseppe Saragat et aussitôt surnommé « pont de Brooklyn » pour sa ressemblance.

En 2016, Antonio Brencich, professeur agrégé en structures de béton à la faculté d’ingénierie de Gênes, a publié une note sur les faiblesses de l'ouvrage : « le viaduc de Morandi a immédiatement présenté plusieurs défaillances de structure [...] une erreur d’ingénierie [consistant en] une évaluation incorrecte des effets de retrait du béton ayant produit un plan de route non horizontal » ce qui engendra que dès les années 1980 les usagers ressentaient des bosses sur la voie.

Par ailleurs, les coûts considérables de l'entretien du pont l'ont également conduit à soutenir, dans le même article, que « dans peu d'années, les coûts d'entretien dépasseront les coûts de reconstruction du pont : à ce moment-là, le moment sera venu de démolir le pont et de le reconstruire ». Une telle démolition aurait pu coïncider avec la prochaine construction de la gronda di Genova, un important projet de bretelle de contournement.

Parmi les dernières interventions, en 2014 des travaux « de routine » de la Société des autoroutes, et en 2016 des travaux de sécurité pour la rénovation de toutes les structures en béton et le remplacement des barrières de ponts-bordures dans les deux sens de circulation.

Effondrement de la travée centrale

Le 14 août 2018, à 11 h 50 heure locale (9 h 50 GMT) alors que toute la région est frappée par de violents orages, une travée centrale de 100 à 200 mètres de longueur et un pylône s’effondrent, emportant 38 véhicules, dont 3 camions. Un premier bilan évoque plusieurs dizaines de victimes dont au moins 42 morts, dont 3 enfants d’après le procureur de la République de Gênes et le ministère des Transports italien. Les premières analyses techniques montrent que le pont se serait effondré à cause de défaillances structurelles, certains témoins évoquant, parmi les causes, le rôle joué par la foudre.

Cet effondrement se situe dans un contexte plus général où au moins dix ponts se sont effondrés entre 2013 et 2018 en Italie et plus particulièrement pour des défauts de conception. En 1964 l'usage du béton armé précontraintpréconisé par Morandi a été mis en cause lors de l'effondrement du pont du Général-Rafael-Urdaneta après avoir été percuté par un pétrolier. Or dès ses premières décennies d'existence, l'ouvrage a fait l'objet de travaux de maintenance importants liés en particulier aux fissures et à la dégradation du béton

Diego Zoppi, ex-président de l'ordre des architectes de Gênes, déclarait : « Il y a 50 ans, on avait une confiance illimitée dans le béton armé. On pensait qu'il était éternel. Mais on a compris qu'il dure seulement quelques décennies », tout en ajoutant : « On n'a pas tenu compte à l'époque des continuelles vibrations du trafic, car le ciment se microfissure et laisse passer l'air, qui rejoint la structure interne en métal et la fait s'oxyder ».

Le pont ne devrait pas être reconstruit, mais démoli dans son intégralité, selon le vice-ministre des infrastructures Edoardo Rixi