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Accident de l'avion présidentiel polonais à Smolensk

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Date de l'événement:
10.04.2010

Le 10 avril 2010 à 10 h 41 heure locale (6 h 41 UTC), le Tupolev 154 transportant le président polonais Lech Kaczyński s'écrase lors d'une tentative d'atterrissage sur l'aéroport de Smolensk-nord, ne laissant aucun survivant parmi les 96 personnes à bord. Outre le chef de l'État, son épouse Maria Kaczyńska, le chef d'état-major des armées Franciszek Gągor ainsi que les dirigeants des différents corps de l'armée polonaise, le gouverneur de la Banque nationale de Pologne, le vice-ministre des Affaires étrangères, des membres des deux chambres parlementaires (dont les vice-présidents des deux chambres), des membres du cabinet présidentiel, des membres du clergé polonais et des représentants des familles des martyrs de Katyń périssent dans cette catastrophe. La délégation polonaise venait se recueillir à Katyń, pour commémorer le massacre de Katyń, dont c'était le 70e anniversaire, qui a longtemps envenimé les relations entre la Pologne et son voisin russe.

Les enquêtes des experts russes et polonais attribuent la raison du crash à des erreurs de l'équipage de l'avion. Les experts polonais mettent également en avant une responsabilité des contrôleurs de vol de l'aéroport de Smolensk.

C'est le maréchal de la Diète, Bronisław Komorowski, investi comme adversaire de Lech Kaczyński lors de l'élection présidentielle de 2010 et élu depuis, qui assura l'intérim à la suite de cette catastrophe.

Les conséquences de cet accident ont généré des théories alternatives qui évoquent l'implication de la Russie dans un attentat qui aurait visé à décapiter le gouvernement polonais.

Déroulement des faits

Le Tupolev Tu-154 du régiment spécial d'aviation polonais transportant la délégation officielle polonaise (89 passagers et 7 membres d'équipage), décolle à 9 h 27 (heure de Moscou), de l'aéroport Frédéric Chopin de Varsovie à 800 km environ de la base aérienne de Smolensk où l'avion présidentiel doit atterrir. Il s'agit d'une ancienne piste militaire qui n'est pas équipée en système d'atterrissage aux instruments (ILS).

Une heure auparavant, un Yakovlev Yak-40 appartenant également au gouvernement polonais et transportant les journalistes invités par la présidence, s'était posé sans encombre sur la même piste. Mais peu après les conditions météo se dégradèrent rapidement. Un Iliouchine Il-76 russe essaya d'atterrir mais à cause de la mauvaise visibilité, décida de se dérouter vers l'aéroport de Vnukovo près de Moscou.

Au moment de l'approche de l'avion présidentiel, la piste était enveloppée dans un brouillard dense avec moins de 500 m de visibilité. Le pilote en fut averti par le contrôle aérien qui ordonna cependant au pilote de descendre jusqu'à l'altitude de décision fixée à 100 m au-dessus du niveau de l'aéroport. La décision "on abandonne" ("odchodzimy" en polonais) a été enregistrée dans la cabine des pilotes à l'altitude de décision, mais l'avion poursuivit sa descente pour des raisons inconnues. Ce qui se passe ensuite fait l'objet de polémique : d'après la version officielle, l'avion percute la cime d'arbres à environ 1 000 mètres de la piste d'atterrissage de la base aérienne de Smolensk et s'écrase à 200 mètres du seuil de celle-ci dans une zone boisée à 10 h 41 (heure de Moscou). Or une enquête parlementaire de la Diète polonaise affirme au contraire que l'avion était au-dessus des arbres au moment de l'avarie.

Enquête

Mise en place des organes enquêteurs

Quelques heures après le crash, le président de la Fédération de Russie Dmitri Medvedev ordonne « qu'une enquête minutieuse (n'excluant aucune hypothèse) soit menée sur la catastrophe, en coopération totale et la plus étroite avec la partie polonaise », et annonce la création d'une commission spéciale d'enquête sur l'accident. Cette commission est présidée par le Premier ministre Vladimir Poutine. Parallèlement, une enquête criminelle émanant du Procureur général de Russie est ouverte, à propos d'éventuelles violations des règles de sécurité du Code Criminel Russe.

Les enquêtes sont menées en collaboration avec des enquêteurs polonais dépêchés à Smolensk et à Moscou, où sont acheminés les corps des victimes et les boîtes noires, conformément à la loi russe en cas d'accident. Elles s'appuient sur la Convention de Chicago, et plus précisément sur son Annexe 13, qui régit les enquêtes en cas d'accidents dans l'aviation civile. Selon le Président du Conseil des ministres Donald Tusk, cette convention internationale est la base juridique qui permet la participation la plus importante possible des enquêteurs polonais. Il est cependant critiqué par une partie de la presse polonaise et par l'opposition proche du parti Droit et justice qui considèrent que l'enquête a été menée exclusivement par les autorités russes, car la convention donnerait l'exclusivité des pouvoirs d'enquête au pays sur le territoire duquel un accident est survenu. Selon ses critiques, Donald Tusk aurait dû faire appliquer l'accord bilatéral de 1993 entre la Pologne et la Russie, qui s'applique aux accidents dans l'aviation militaire, car le Tu-154 transportant la délégation présidentielle est un avion militaire, l'aéroport de Smolensk est un aéroport militaire, et les pilotes et les contrôleurs aériens étaient eux aussi des militaires, ce qui aurait permis aux enquêteurs polonais de travailler directement aux côtés des enquêteurs russes.

Premières analyses

Les premières déclarations des autorités russes incriminent le brouillard, fréquent dans cette région au printemps et en automne, et une erreur du pilote, qui aurait tenté d'atterrir sur la base aérienne de Smolensk contre l'avis des contrôleurs aériens8 qui lui auraient proposé de se dérouter sur Minsk ou Moscou.

Les premières analyses indiquent que l'avion a heurté la cime des arbres alors qu'il effectuait une tentative d'approche avec une balise non directionnelle, par visibilité faible, après trois tours d'attente en hippodrome au-dessus de l'aérodrome. Le lendemain, l'analyse des conversations entre les pilotes de l'avion présidentiel polonais et les aiguilleurs russes exclut la thèse du problème technique sur le Tupolev (de fabrication soviétique).

Il a été dit que la décision du commandant de bord d'atterrir à tout prix pour ne pas retarder la présence des autorités polonaises à la commémoration de Katyn, ou peut-être pour ne pas mettre en danger sa carrière professionnelle, avait pu jouer un rôle essentiel dans la genèse de l'accident. En août 2008, l'avion de Lech Kaczyński avait déjà dû se dérouter dans des circonstances similaires alors qu'il se rendait à Tbilissi, ce qui avait provoqué la colère du président : « Si quelqu'un veut être pilote, il ne doit pas connaître la peur », aurait affirmé Lech Kaczyński selon le quotidien Dziennik, avant d'ajouter : « Au retour au pays, nous allons régler le problème ». Cette version des pressions sur le pilote lors du voyage en Géorgie, relayée par certains médias, a cependant été contestée, notamment par l'ancien président de Lituanie Valdas Adamkus qui faisait partie du voyage de Tbilissi.

Les trois « boites noires » du Tupolev Tu-154 ont été retrouvées sur les lieux du crash dans l'après-midi du 10 avril, comme l'a indiqué Sergueï Choïgou, le ministre russe des situations d'urgence, et la presse estimait alors qu'elles permettraient vraisemblablement à la commission d'enquête de présenter rapidement ses premières conclusions.

Historique de l'appareil

L'appareil, un Tupolev Tu-154M, avait été livré à l'armée de l'air polonaise en 1990. Ce type d'appareil a mauvaise réputation. En effet, depuis les années 1970, 66 accidents ont impliqué des Tu-154, causant plus de 2 500 décès, accidents pour la plupart imputés à de mauvaises conditions d'entretien des appareils, surtout utilisés par des compagnies de l'ex-Union soviétique ou de la République islamique d'Iran.

Le gouvernement polonais possède deux Tupolev Tu-154M, un pour le président de la République et un pour le président du Conseil des ministres. Le Tupolev présidentiel polonais avait déjà connu des avaries en décembre 2008 en Mongolie, obligeant le président et son épouse à prendre un vol charter jusqu'à Tokyo, où il arriva ainsi avec 8 heures de retard. Enfin, en octobre 2008, le président avait déjà dû emprunter un vol commercial pour se rendre à Bruxelles. En septembre 2009, les deux Tupolev du gouvernement polonais étaient en panne simultanément, conduisant le président Kaczynski à voyager sur un avion de ligne ordinaire pour se rendre à New York. Toutefois, l'appareil en question dans le crash du 10 avril 2010 avait bénéficié d'une révision complète et d'une modernisation en décembre 2009 en Russie. En première analyse, les circonstances de l'accident n'ont pas mis pas en cause a priori une défaillance technique mais plutôt des facteurs humains.

Conclusions

Au cours d'une conférence de presse tenue à Moscou le 12 janvier 2011 par le Interstate Aviation Committee ("Comité intergouvernemental d'aviation"), il est révélé que le président et d'autres hauts responsables polonais auraient fait pression sur l'équipage pour le forcer à atterrir nonobstant un entraînement insuffisant des pilotes. Au cours de la procédure d'atterrissage, ces derniers semblent également avoir négligé un certain nombre d'avertissements indiquant une trop grande proximité du sol par rapport à l'appareil.

Six mois plus tard, le 29 juillet 2011, contrairement au rapport russe, la commission d'enquête polonaise parvient à la conclusion que les responsabilités sont partagées entre la Pologne et la Russie. Reconnaissant que les causes principales de l'accident sont dues à des défaillances polonaises (vol à trop grande vitesse, pilotes n'ayant pas subi un entraînement adéquat pour conduire l'avion), elle indique aussi que l'éclairage de l'aéroport était défaillant et que les informations transmises par les contrôleurs aériens russes aux pilotes dans la phase d'atterrissage étaient incorrectes.

Il est cependant à noter que les pressions supposées du président et de hauts responsables polonais reposaient sur la présence du général Andrzej Błasik, chef de l'armée de l'air, dans la cabine des pilotes. Cette présence est argumentée dans le rapport russe et dans celui de la commission d'enquête polonaise (qui s'est appuyée uniquement sur les documents fournis par la partie russe) par le fait qu'on entendrait sur les enregistrements des boîtes noires le général Blasik prononcer trois phrases. Or sur la base des copies des enregistrements fournies au parquet polonais, une expertise a été confiée à l'Institut d'expertise judiciaire Sehn de Cracovie qui a permis de prouver que deux des phrases attribuées au général Błasik avaient en fait été prononcées par le copilote Robert Grzywna tandis que la troisième phrase attribuée au général n'a pas pu être identifiée sur la copie entre les mains des experts polonais, et ce alors que les experts de l'Institut Sehn ont mis en œuvre tous les moyens techniques existants, ce qui n'avait pas été fait par les enquêteurs russes qui s'étaient contentés de faire reconnaître les voix par simple écoute des enregistrements. En conséquence de cette expertise, le parquet polonais a donc annoncé en janvier 2012 que la voix du général Błasik n'avait pas pu être identifiée sur les enregistrements des boîtes noires et a ainsi remis en cause la thèse des pressions politiques sur les pilotes.

Thèse de l'attentat

Depuis la tragédie, la thèse d'un attentat fait son chemin dans les milieux de l'opposition polonaise. Cette thèse s'appuie :

  • Sur le précédent historique de l'accident d'avion de Gibraltar ayant coûté la vie au général Sikorski commandant en chef des forces armées polonaises libres et Premier ministre du gouvernement polonais en exil à Londres, accident ayant eu lieu le 4 juillet 1943, soit trois mois après la découverte des charniers de Katyn. Or, pour les polonais, il est à peu près certain que l’accident était en fait un attentat organisé par un agent de Staline.
  • Sur le fait que le gouvernement russe détestait Lech Kaczyński, parce que celui-ci dénonçait un « nouvel impérialisme » russe. Moscou ayant refusé de l'inviter à la cérémonie de Katyn, le président Kaczyński a décidé de se rendre au service commémoratif qui avait été prévu pour le 10 avril, et c'est en s'y rendant qu'il a été tué. Dans la délégation polonaise, « se trouvait également Janusz Kurtyka, le très pugnace président de l’Institut pour la mémoire nationale, qui enquête sur les crimes commis par les Soviétiques contre la Pologne ».
  • Sur le fait que l'avion présidentiel était de fabrication russe, et qu'il venait tout juste de subir des opérations de maintenance en Russie.
  • Sur la mort suspecte en 2002 dans un crash aérien du Général Lebed, qui pouvait représenter un danger politique pour Vladimir Poutine.
  • Sur le fait que deux ans après, en mars 2012, l'épave de l'avion et les originaux des enregistrements des boîtes noires n'ont toujours pas été rendus par la Russie à la Pologne, que le site n'a pas été sécurisé après le crash et que l'épave a été volontairement endommagée par la partie russe et un film, sans doute tourné par un militaire russe, a été diffusé dans l'émission "Misja Specjalna" du 21/09/2010 qui montre le travail de destruction de l'épave. Trois corps ont été exhumés en Pologne dont deux en mars 2012. Dans les trois cas les experts polonais se sont aperçus que les rapports d'autopsie russes étaient majoritairement falsifiés. Par ailleurs, la thèse du bouleau qui aurait arraché une aile de l'avion et qui l'aurait fait se retourner, ce qui est censé expliquer l'étendue des dégâts inhabituelle pour un crash à si basse altitude, est contestée par le professeur Binienda, doyen du département de génie civil de la faculté des sciences de l'Université américaine d'Akron, Ohio (États-Unis), spécialiste en génie des matériaux et ancien membre de la commission de la NASA qui a enquêté sur l'accident de la navette Columbia.

Une audition publique au Parlement européen s'est tenue le 28 mars 2012 qui résume les conclusions de la commission parlementaire du parti Droit et justice à la Diète polonaise ainsi que les conclusions d'experts indépendants. Contrairement au rapport d'enquête officiel, ces conclusions s'orientent plutôt vers l'hypothèse d'une explosion de l'avion à 20 m environ au-dessus du sol, c'est-à-dire nettement au-dessus de la cime des arbres. Le parquet polonais certifie toutefois qu'aucune trace d'explosif n'a été décelée sur l'épave de l'avion.

 

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Sources: wikipedia.org, news.lv

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