Fusillade au siège de Charlie Hebdo
La fusillade au siège de Charlie Hebdo est un attentat1 perpétré par trois individus le 7 janvier 2015 au siège de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, 10 rue Nicolas-Appert, à Paris, en France. Il aurait fait au moins douze morts (dont deux policiers tués) et onze blessés dont quatre grièvement. L'attentat est suivi du déclenchement du plan Vigipirate « alerte attentats ».
Les dessinateurs Charb, Cabu, Tignous, Wolinski, Honoré et l'économiste Bernard Maris sont morts dans cet attentat qui est le plus meurtrier depuis celui du train Strasbourg-Paris le 18 juin 1961, lequel avait fait 28 morts lors de la guerre d'Algérie.
Les auteurs de l'attaque, dont les identités sont inconnues et qui sont toujours recherchés, sont présumés jusqu'au-boutistes islamistes.
Contexte
En 2006, l'hebdomadaire fait polémique en publiant douze caricatures du prophète Mahomet déjà parues dans le journal danois Jyllands-Posten. En 2011, après la parution d'un numéro spécial titré Charia Hebdo critiquant la victoire du parti islamiste Ennahdha en Tunisie, le journal satirique est l'objet de menaces et d'attaques, dont unincendie criminel provoqué par un jet de cocktail Molotov. Par la suite, les locaux du journal sont régulièrement surveillés par les forces de l'ordre. En janvier 2013, le journal publie un numéro hors-série en deux parties, La Vie de Mahomet, dans lequel Charb raconte en bande dessinée la vie du prophète de l'islam.
En 2013, Al-Qaïda dans la péninsule Arabique (AQPA) publie sur le magazine en ligne Inspire une liste de onze personnalités occidentales « recherchées mortes ou vives pour crimes contre l'islam » et parmi lesquelles figure Charb.
Le matin de la fusillade, le no 1177 est publié avec en une, une caricature de Michel Houellebecq signée Luz. À l'intérieur, l'un des derniers dessins publiés de Charb, titré « Toujours pas d'attentats en France » montrait un islamiste déclarant : « Attendez ! On a jusqu'à la fin janvier pour présenter ses vœux... ».
Déroulement
Deux individus cagoulés et habillés de noir entrent dans les locaux de Charlie Hebdo vers 11 h 30, armés de fusils d'assaut de type Kalachnikov, après s'être d'abord trompé d'adresse, entrant par le numéro 6 avant de pénétrer au numéro 10 rue Nicolas-Appert. Ils auraient, d'après son témoignage, menacé la dessinatrice Coco (Corinne Rey) pour qu'elle leur ouvre les portes des locaux, avant de se rendre à la rédaction pour faire feu sur l'équipe réunie pour la conférence de rédaction hebdomadaire. Les terroristes auraient appelé les victimes par leurs surnoms avant de les exécuter. Présente dans la rédaction, la journaliste Sigolène Vinson est épargnée, selon son témoignage à RFI l'un des terroristes lui dit : « On ne tue pas les femmes, mais tu dois te convertir à l’islam et te voiler ».
Ils prennent la fuite à bord d'une Citroën C3 II noire après avoir tiré sur les policiers chargés de la sécurité du journal. Au niveau du boulevard Richard-Lenoir, les assaillants tombent sur un véhicule de police, sortent de leur Citroën, criblent de balles la voiture de police mais prennent la fuite sans faire de victime. Ils rencontrent un peu plus loin deux autres policiers à vélo pour une seconde fusillade, et achèvent l’un d’eux à bout portant d'une balle dans la tête avant de prendre la fuite en voiture en criant « On a vengé le prophète Mohamed ! » et « On a tué Charlie Hebdo ». Pris en chasse par la police, ils percutent une Volkswagen (en blessant la conductrice) et abandonnent leur Citroën à l'angle de la rue de Meaux et de l'avenue Secrétan puis, porte de Pantin, braquent un automobiliste et lui volent sa Clio. Les policiers perdent leur trace à ce niveau.
Le bilan, d'abord de dix morts, s'alourdit rapidement pour arriver à douze morts (dont deux policiers) et 10 blessés.
Le plan Vigipirate est élevé au niveau « alerte attentats », le niveau maximal, en Île-de-France. Le procureur de la République François Molins annonce que le parquet antiterroriste s'est saisi de l'enquête pour assassinats et tentative d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste, et lance un appel à témoins.
Victimes
Parmi les morts se trouvent huit membres de la rédaction de Charlie Hebdo, les dessinateurs Charb, Cabu, Wolinski, Honoré et Tignous, l'économiste Bernard Maris, le correcteur Mustapha Ourad, ainsi qu'un autre journaliste non nommé et un invité de la rédaction, Michel Renaud (fondateur du Rendez-vous du carnet de voyage clermontois) venu de Clermont-Ferrand pour rendre certains de ses dessins à Cabu. Une personne à l'accueil de l'immeuble est également tuée.
Selon le syndicat Alliance PN, les deux policiers morts sont un gardien de la paix, Ahmed Merabe, de la brigade VTT du commissariat du 11e arrondissement et « Franck » un officier du Service de la protection (SDLP, ex-SPHP) qui était « garde du corps » de Charb, dessinateur et directeur de la publication
Laurent Léger et Gérard Gaillard (accompagnant Michel Renaud) sont présents et témoins de la fusillade et s'en sortent indemnes. Ainsi que la journaliste Sigolène Vinson, épargnée par les terroristes qui auraient déclarés ne pas tirer sur les femmes.
Le journaliste Philippe Lançon, le directeur de la rédaction Riss et deux policiers sont blessés.
La dessinatrice Coco (Corinne Rey) et son enfant sont prises en otage, forcées à ouvrir la porte, sécurisée par digicode, puis relâchées.
Les autres journalistes étaient absents : Gérard Biard, qui était en vacances à Londres, Renaud Luzier (« Luz ») et Catherine Meurisse, qui étaient tous les deux en retard pour la réunion, Antonio Fischetti, qui était à un enterrement et Mathieu Madénian absent à cause de l'organisation de la galette des rois lors de la réunion de la semaine suivante.
Enquête
Réactions
Le président de la République, François Hollande, arrivé sur place avec le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, déclare qu'il s'agit, sans aucun doute, d'un « attentat terroriste », évoque un acte d'une « exceptionnelle barbarie » et assure que les« auteurs de ces actes seront pourchassés aussi longtemps que nécessaire ». Il affirme également que « plusieurs attentats terroristes avaient été déjoués ces dernières semaines ». Des réunions de crise sont organisées le jour même et le lendemain à l'Élysée.
La classe politique est unanime. Nicolas Sarkozy évoque une « tragédie nationale ». François Bayrou parle d'un « acte de guerre par la terreur ». Jean-Luc Mélenchon parle lui d'« assassinat politique ».
De nombreux mouvements de solidarité se sont exprimés de façon spontanée sur les réseaux sociaux, comme le hashtag #JeSuisCharlie apparu sur Twitter et Facebook quelques minutes après l'attentat.
Des rassemblements sont prévus en France dans la soirée du 7 janvier, le 8 janvier, pour rendre hommage aux victimes de cet attentat, notamment à Paris, place de la République, ainsi que dans de nombreuses villes telles que Bordeaux, Lyon ou Lille. Au total, 100 rassemblements sont prévus dans l'hexagone, et 13 dans des villes étrangères. Les personnes rassemblées sur place, dans le silence et dans les applaudissements, brandissent des pancartes où l'on peut retrouver le message « Je suis Charlie » ainsi que des crayons.
Le président François Hollande s'est exprimé lors d'une allocution télévisée à 20 heures le 7 janvier.
Google France rend également hommage aux victimes avec un ruban noir affiché sur sa page d'accueil
Réactions internationales
Les chefs d'État ou de gouvernement de dizaines de pays du monde expriment rapidement leur indignation et leur compassion vis-à-vis des familles des victimes
Evénements associés
Carte
Sources: wikipedia.org, news.lv, nekropole.info, lenta.ru, bbc.co.uk