Nicolas Berdiaev
- Date de naissance:
- 18.03.1874
- Date de décès:
- 24.03.1948
- Noms supplémentaires:
- Nikolai Berdyaev, Николай Александрович Бердяев, Aleksandrovich, Nikolajs Berdjajevs, Николай Бердяев, Александрович, Nicolas Berdjaev, Nicolas Berdiaeff
- Catégories:
- Philosophe, Propriétaire, Victime de la répression (génocide) du régime soviétique, Écrivain
- Nationalité:
- russe
- Cimetière:
- Cimetière Communal, Clamart
Nicolas Berdiaev ou Berdjaev ou Berdiaeff (en russe, Николай Александрович Бердяев, Nikolaï Aleksandrovitch Berdiaev), né le 6/19 mars 1874 à Kiev (Empire russe), et décédé le 24 mars 1948 à Clamart (France), est un philosophechrétien russe de langue russe et française.
Biographie
Marxiste convaincu en 1900, il s'en détourne assez rapidement. Professeur à l'université de Moscou, il fonde l'Académie libre de Culture spirituelle (1919-1922) dont le succès conduit à sa fermeture, et il est expulsé de Russie en 1922 avec plusieurs autres intellectuels sur «les bateaux des philosophes». En 1924, il transfère à Paris l'Académie de philosophie et de religion qu'il avait fondée à Berlin.
La philosophie de Berdiaev
Sa pensée est l'un des sommets de l'existentialisme chrétien. Elle reflète aussi l'influence de Jacob Boehme dont il traduisit en français le Mysterium Magnum, précédé de deux précieuses études.
Pour Berdiaev, le premier principe n'est pas l'être mais la liberté. À partir de cette liberté, Dieu crée l'homme, l'être libre. La liberté étant par nature irrationnelle peut donc conduire aussi bien au bien qu'au mal. Selon lui, le mal, c'est la liberté qui se retourne contre elle-même, c'est l'asservissement de l'homme par les idoles de l'art, de la science et de la religion qui reproduisent « les rapports d'esclavage et de domination dont est issue l'histoire de l'humanité».
Berdiaev se révolte contre les conceptions rationalistes, déterministes, téléologiques qui brisent le règne de la liberté. Le problème de l'existence humaine est donc celui de sa libération. Ici, Berdiaev fonde une véritable philosophie de la personne qui influencera Emmanuel Mounier et le personnalisme, ou encore le jésuite uruguayen Juan Luis Segundo, théologien de la libération qui fit sa thèse sur lui.
L'homme se définit d'abord comme une personne. La personne, catégorie éthique et spirituelle s'oppose à l'individu, catégorie sociologique et naturaliste. La personne n'est pas nature, mais liberté. Contrairement à l'individu qui est partie de l'espèce et de la société, la personne n'est pas la partie d'un tout quelconque. Elle s'oppose aux fausses totalités que forment le monde naturel, la société, l'État, la nation, l'Église, etc. Ces fausses totalités constituent les sources majeures de l'objectivation qui aliène la liberté de l'homme dans des productions qu'il finit par idolâtrer en se soumettant à leur tyrannie.
Pour se libérer de toutes les formes d'objectivations aliénantes, Berdiaev prône la redécouverte de l'acte créateur fondé sur un travail d'élimination de la contrainte, de la connaissance et de l'amour, ses forces libératrices qui luttent et se révoltent contre les structures ossifiées, refroidies, inhumaines.
Retournant à un messianisme christique d'essence joachimiste et écrivant à l'époque de la montée des «totalitarismes», Berdiaev a dénoncé, l'un des premiers «le messianisme de la race élue et de la classe élue».
Se dressant contre toutes les formes d'oppression sociale, politique, religieuse, dépersonnalisantes et déshumanisantes, l'œuvre de Berdiaev agit comme un vaccin contre toutes les formes d'utopies meurtrières du passé et de l'avenir. Par opposition, elle souligne les vrais besoins et la vraie destination de l'homme qui est surnaturelle liberté issue du mystère divin et fin de l'histoire dans une annonce du Royaume de Dieu que l'homme doit d'ores et déjà préparer dans l'amour et la liberté.
Dans ses grandes lignes, la pensée de Berdiaev est conforme à la tradition du messianisme russe, mais un messianisme purifié et éclairé par la critique radicale des forces qui s'y opposent, y compris à travers la critique de l'institution ecclésiastique, qu'il dénonce comme une source majeure d'aliénation spirituelle.
Citations
- « La démocratie est indifférente au Bien et au Mal. »
- « La liberté n'est pas un droit, c'est un devoir. »
- « Dieu comme force, comme toute-puissance et pouvoir, je ne puis absolument l'accepter. Dieu ne possède nulle puissance. Il est moins puissant qu'un agent de police. »
- « Ce n'est pas l'homme qui exige de Dieu sa liberté, mais Dieu qui exige de l'homme qu'il soit libre car cette liberté est le signe de la dignité de l'homme, créé à l'image de Dieu. »
- « L'idée aristocratique exige la domination réelle des meilleurs ; la démocratie, la domination formelle de tous... Tout ordre vital est hiérarchique, il a son aristocratie. Seul un amas de décombres n'est pas hiérarchisé et aucune qualité aristocratique ne s'en dégage... Se reconnaître, se vouloir, se chercher toujours plus de devoirs est une attitude aristocratique. Réclamer des droits est une attitude commune. L'aristocratie n'est pas une classe, c'est un principe spirituel. »
- « La dignité de l'homme présuppose l'existence de Dieu. C'est l'essence même de toute dialectique vitale de l'humanisme. L'homme n'est une personne que s'il est un libre esprit reflétant l'Être suprême. »
- « C'est avec les bêtes que je souhaite être dans la vie éternelle, surtout avec celles que j'ai aimées. »
- « Agis de telle sorte que tu puisses affirmer en tout, partout, et à l'égard de tout et de tous, la vie éternelle. Il est vil d'oublier la disparition, ne fut ce que d'un seul être vivant, de se réconcilier avec elle. La mort de la dernière et de la plus infime créature comporte quelque chose d'intolérable et si elle n'est pas vaincue en ce qui la concerne, alors le monde n'a aucune justification et ne peut être accueilli. »
- « Ce qu'on appelle le "monde" est un asservissement des êtres, non seulement des hommes, mais aussi des animaux, des plantes, voir des minéraux et des étoiles. C'est ce "monde" que la personne délivrée de son état d'asservissement et de sa tendance à asservir les autres doit détruire.
Sources: wikipedia.org, vesture.eu, memo.ru, mod.uk
Pas de lieux
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