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Casablanca (film)

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Date de l'événement:
26.11.1942

Casablanca est un film américain réalisé par Michael Curtiz, sorti en 1942.

Interprété principalement par Humphrey Bogart, Ingrid Bergman, Paul Henreid et Claude Rains, il se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale dans la ville de Casablanca au Maroc, alors contrôlée par le gouvernement de Vichy. Le sujet majeur du film est le conflit de Rick Blaine entre l'amour et la vertu : il doit choisir entre ses sentiments pour Ilsa Lund et son besoin de faire ce qui est juste pour aider le mari de celle-ci, le héros de la Résistance, Victor Laszlo, qui doit fuir Casablanca pour continuer son combat contre les nazis.

Casablanca (1942) Official Trailer - Humphrey Bogart, Ingrid Bergman Movie HD

Le film a connu un succès immédiat qui ne s'est pas démenti depuis. La plupart des critiques ont vanté les performances charismatiques de Bogart et Bergman, l'alchimie entre ces deux vedettes, la profondeur des personnages de fiction, la finesse du scénario ainsi que l'impact émotionnel du film dans sa globalité.

Lauréat de l'Oscar du meilleur film en 1944, Casablanca est considéré depuis 2007 comme le troisième plus grand film américain, derrière Citizen Kane et Le Parrain, par l'American Film Institute.

Synopsis

Rick Blaine est un Américain amer et cynique, expatrié à Casablanca au Maroc où il est propriétaire du Rick's Café Américain. Ce night-club huppé attire une clientèle variée telle que des fonctionnaires français et nazis, des réfugiés ou même des voleurs.

Ugarte, un délinquant de petite envergure, arrive au club de Rick avec des « lettres de transit » qu'il a obtenues après l'assassinat de deux soldats allemands. Ces précieux documents permettent à la personne qui les possède de voyager librement vers le Portugal, où il est ensuite possible de partir vers l'Amérique et la liberté. Le but d'Ugarte est de vendre ces billets à très bon prix à des personnes à qui il a donné rendez-vous au club plus tard dans la soirée. Toutefois, avant que la transaction ne puisse avoir lieu, Ugarte est arrêté par la police locale qui est sous le commandement du capitaine Louis Renault. Avant son arrestation, à l'insu de Renault et des nazis, Ugarte réussit malgré tout à confier les lettres à Rick. Il trouve finalement la mort lors d'une prétendue tentative de fuite.

Au même moment, l'ancien amour de Rick (raison de son amertume permanente), Ilsa Lund, arrive avec son mari, Victor Laszlo, un chef de la résistance tchèque activement recherché par les nazis et leur chef, le major Strasser. Les époux se trouvent être les personnes qui devaient acheter les sauf-conduits à Ugarte pour ainsi pouvoir quitter Casablanca pour l'Amérique afin de continuer leur lutte.

Victor Laszlo fait la connaissance du señor Ferrari, une figure importante du milieu criminel à Casablanca et accessoirement propriétaire du night-club concurrent de celui de Rick. Ferrari fait part à Laszlo de ses soupçons envers Rick, qu'il pense être en possession des documents. Laszlo discute alors en privé avec Rick, mais celui-ci refuse de se séparer des documents. Laszlo, au courant de l'action militante de Rick dans le passé en faveur des opprimés, s'étonne de ce refus. Ils sont alors interrompus par un groupe d'officiers nazis qui se mettent à chanter Die Wacht am Rhein, un hymne patriotique allemand. Ne supportant pas cet affront, Victor Laszlo somme l'orchestre de jouer La Marseillaise avec la permission de Rick. Il se met à chanter, d'abord seul, puis rejoint par toute l'assemblée gagnée par sa ferveur patriotique, couvrant ainsi le chant des Allemands. Vexé, le major Strasser ordonne à Renault de fermer le club.

Cette même nuit, Ilsa a une conversation avec Rick dans le café déserté. Quand il refuse de lui donner les lettres, elle le menace avec un revolver, mais incapable de tirer, elle finit par lui avouer qu'elle l'aime toujours. Ilsa explique à Rick que lorsqu'ils se sont rencontrés et aimés à Paris, elle croyait que son mari avait été tué en tentant de s'échapper d'un camp de concentration nazi. Elle n'a appris qu'il était toujours vivant que peu de temps après que la capitale française eut été déclarée ville ouverte face aux Allemands. C'est pourquoi, alors qu'elle devait fuir Paris avec Rick, elle avait alors choisi de rejoindre son mari sans le prévenir.

À la lumière de ces révélations, Rick devient plus conciliant et accepte d'apporter son aide à Victor Laszlo. Ilsa lui déclare qu'elle restera avec lui à Casablanca. Laszlo arrive au club après avoir échappé de justesse à une descente de police lors d'une réunion de résistants. Rick fait raccompagner secrètement Ilsa à son hôtel par un de ses hommes puis engage la conversation avec Laszlo. Ce dernier lui révèle qu'il est parfaitement conscient de l'amour de Rick pour Ilsa et tente de convaincre Rick d'utiliser les lettres pour la mettre en sécurité. La police fait irruption et arrête Laszlo sur de fausses accusations. Rick s'entretient alors avec le capitaine Renault afin d'obtenir la libération de Victor Lazslo. En échange, il lui propose de venir le lendemain soir chez lui alors que Laszlo viendra lui acheter les lettres de transit afin de l'arrêter. Pour dissiper les soupçons que Renault peut avoir sur lui, Rick explique qu'il va partir pour l'Amérique avec Ilsa. Et d'ailleurs, dans la journée, Rick vend son club à Ferrari.

Lorsque Renault tente d'arrêter Laszlo, Rick double le policier en l'obligeant, sous la menace d'une arme, à laisser partir le couple. Il convainc également Ilsa de prendre l'avion pour Lisbonne avec son mari, malgré sa promesse. À l'aéroport, le major Strasser tente d'intervenir en empêchant l'avion de décoller, mais Rick lui tire dessus. Lorsque les renforts arrivent, Renault couvre Rick en prétendant ignorer qui est le meurtrier et en leur demandant d' « arrêter les suspects habituels ». Renault propose à Rick de quitter, l'un et l'autre, Casablanca pour rejoindre les Forces françaises libres à Brazzaville.

Fiche technique

  • Titre original : Casablanca
  • Titre français : Casablanca
  • Réalisation : Michael Curtiz
  • Scénario : Julius J. Epstein, Philip G. Epstein, Howard Koch et Casey Robinson (non crédité) d'après la pièce Everybody Comes to Rick's de Murray Burnett et Joan Alison
  • Direction artistique : Carl Jules Weyl
  • Costumes : Orry-Kelly
  • Photographie : Arthur Edeson
  • Montage : Owen Marks
  • Musique : Max Steiner
  • Production : Hal B. Wallis ; Jack Warner (délégué)
  • Sociétés de production : Warner Bros. et First National Pictures
  • Société de distribution : Warner Bros.
  • Budget : 1 039 000 $
  • Pays d'origine : États-Unis
  • Langue : anglais
  • Format : Noir et blanc - 35 mm - 1,37:1 - Son monophonique (RCA Sound System)
  • Genre : mélodrame
  • Durée : 102 minutes
  • Dates de sortie :
    • Drapeau des États-Unis États-Unis : 26 novembre 1942 (première mondiale à New York), 23 janvier 1943 (sortie nationale)
    • Drapeau de la Belgique Belgique : 22 février 1946
    • Drapeau de la France France : 23 mai 1947

Distribution

  • Humphrey Bogart (VF : Claude Péran / Jacques Thébault) : Rick Blaine
  • Ingrid Bergman (VF : Vivette Galy / Évelyne Séléna) : Ilsa Lund
  • Paul Henreid (VF : Michel Gudin / Dominique Paturel) : Victor Laszlo
  • Claude Rains (VF : Camille Guérini / Jean-Louis Maury) : Capitaine Louis Renault
  • Conrad Veidt (VF : Raymond Loyer / Jean-François Laley) : Major Heinrich Strasser
  • Sydney Greenstreet (VF : Antoine Balpêtré / Claude Bertrand) : Señor Ferrari
  • Peter Lorre (VF : Francis Lax) : Ugarte
  • S. Z. Sakall (VF : Jacques Dynam) : Carl
  • Madeleine Lebeau : Yvonne
  • Dooley Wilson (VF : Georges Atlas) : Sam, le pianiste
  • Joy Page (VF : Monique Thierry) : Annina Brandel
  • John Qualen (VF : Roger Crouzet) : Berger, le vendeur de bijoux et contact de Laszlo
  • Leonid Kinskey (VF : Jacques Balutin) : Sascha
  • Curt Bois (VF : Jacques Chevalier) : le pickpocket

Acteurs non crédités

  • Leon Belasco : un trafiquant dans le café de Rick
  • Trude Berliner : une joueuse de baccara dans le café de Rick
  • Oliver Blake : un serveur du Perroquet Bleu
  • Gino Corrado : un serveur dans le café de Rick
  • Adrienne D'Ambricourt : la concierge
  • Marcel Dalio (VF : Lui-même / Jacques Bernard) : Émile, le croupier
  • Helmut Dantine : Jan Brandel
  • Jean De Briac : une ordonnance
  • George Dee : le lieutenant Casselle
  • Jean Del Val : l'annonceur radio de la police
  • William Edmunds : le deuxième intermédiaire dans le café de Rick
  • Ilka Grüning : Mme Leuchtag
  • Jamiel Hasson : Muezzini
  • George Meeker : un ami de Rick
  • Louis Mercier : un trafiquant marocain de bijoux
  • Alberto Morin : l'officier français insultant Yvonne
  • Leo Mostovoy : Fydor
  • Corinna Mura : la chanteuse à la guitare chez Rick
  • Barry Norton : un joueur chez Rick
  • Paul Panzer : Paul, le serveur
  • Paul Porcasi : le marocain introduisant Ferrari
  • Frank Puglia (VF : Roger Rudel) : le marchand de tapis marocain
  • Georges Renavent : un conspirateur
  • Richard Ryen (VF : Albert Augier) : le capitaine Heinz
  • Dan Seymour : Abdul
  • Ludwig Stossel : M. Leuchtag
  • Norma Varden : la femme de l'anglais racketté
  • Leo White : Émile, le serveur
  • Gregory Gaye (VF : Jean Berger) : le banquier refusé au casino

Production

Sauf mention contraire ou complémentaire, cette section est issue du documentaire You Must Remember This : Hommage à Casablanca.

Genèse

Dans les années 1940, Casablanca était une ville paisible sur l'Atlantique jusqu'au jour où Hal B. Wallis, producteur de la Warner Bros., tombe sur la pièce Everybody Comes to Rick's écrite en 1938 par Murray Burnett et Joan Alison. C'est Irene Lee Diamond, qui a pour mission de trouver de nouvelles idées de scénarios pour le studio, qui découvre la pièce lors d'un voyage à New York. Cette pièce, qui n'a pas été produite, est inspirée des voyages en Europe dans les années 1930 de Murray Burnett. Sa femme ayant de la famille un peu partout sur le Vieux Continent, il peut assister à Vienne à la vie des réfugiés face au nazisme. Lors de ce même voyage, en France, Burnett se rend avec des amis dans une boîte de nuit de Cap Ferrat où il découvre un pianiste noir. Il dit alors à sa femme : « Quel cadre idéal pour une pièce ! ».

Everybody Comes to Rick's, acheté 20 000 $ par la Warner, est la pièce inédite la plus chère que Jack Warner ait eu à acheter et, fidèle à la tradition hollywoodienne, il en change le titre. Casablanca est alors choisi selon la volonté de Hal B. Wallis et d'autres dirigeants qui pensent que le titre doit évoquer des lieux romantiques et exotiques, comme le titre d'un succès de 1938, Casbah (Algiers en version originale). Le titre Casablanca est d'autant mieux choisi que la ville est contrôlée par Vichy à cette période.

Scénario

Ce sont Julius J. et Philip G. Epstein qui sont engagés par Wallis pour adapter la pièce au grand écran. Réputés pour leur esprit ironique, les deux frères introduisent plusieurs personnages secondaires hauts en couleurs ainsi que des dialogues donnant un ton fascinant aux conversations entre les protagonistes du film. Malgré leur empreinte sur le film, les Epstein quittent rapidement le projet pour se consacrer à la série de films de propagande commandés par le Gouvernement américain et réalisés pour la plupart par Frank Capra, Why We Fight. À ce moment de la production, le scénario en est arrêté au flashback, ce qui représente à peu près la moitié du film, et ne possède pas de fil narratif évident.

Pour reprendre la suite des frères Epstein, Hal B. Wallis engage alors Howard Koch, un scénariste du studio, qui développe la dimension politique et morale du film. Il met en place les valeurs qui justifient les sacrifices, notamment celui de la fin, lorsque Rick décide de ne pas partir avec Ilsa. Howard Koch fait du personnage de Humphrey Bogart un homme mystérieux et libéral mais qui est du « bon côté ». Le scénariste déclare après coup que c'est la confrontation de son approche face à celle de Michael Curtiz qui donne finalement cet équilibre au film. Une fois le travail de Koch terminé, le scénario est transmis à Casey Robinson, un autre scénariste sous contrat avec la Warner et qui a travaillé sur bon nombre des films de Bette Davis. Il ne trouve rien à redire à l'aspect comique et mélodramatique du film mais souligne que l'histoire d'amour est vraiment faible. Robinson est alors engagé pour réécrire des scènes de flashback mettant en scène Rick et Ilsa à Paris. Pendant que le scénario passe de mains en mains, le tournage débute le 25 mai 1942. Mais, pour ne rien arranger, le scénario doit être modifié sur la demande du censeur Joseph I. Breen afin de faire disparaître les références sexuelles de la pièce, qui sont finalement remplacées par des sous-entendus.

Choix des acteurs

Alors que le scénario est en cours d'élaboration, la Warner annonce par le biais d'un communiqué de presse le nom des comédiens qui joueront dans le film : Dennis Morgan, Ann Sheridan et Ronald Reagan. Reagan, pressenti pour jouer Rick, doit renoncer car, en tant que réserviste, il doit rejoindre l'armée pour y accomplir son devoir militaire. George Raft, très intéressé par le rôle, fait alors tout son possible pour convaincre le studio de le lui donner mais en vain. C'est finalement Humphrey Bogart, principalement connu pour ses rôles de détectives ou de gangsters dans des films comme Le Faucon maltais (The Maltese Falcon), qui obtient le rôle. Bogart devient ainsi l'archétype du héros à la fois dur et sensible.

Après avoir contacté Michèle Morgan pour jouer le rôle d'Ilsa, Hal B. Wallis se heurte au cachet demandé par l'actrice française. Il pense alors à Ingrid Bergman qui s'est déjà fait un nom à Hollywood depuis Intermezzo (Intermezzo: A Love Story) et Docteur Jekyll et mister Hyde (Dr. Jekyll and Mr. Hyde). Malheureusement pour lui, l'actrice est sous contrat avec David O. Selznick, ce qui compromet ses projets. Un marché est finalement conclu entre les deux producteurs : Selznick permet à Bergman de jouer dans Casablanca en échange de 125 000 dollars et du « prêt » par la Warner d'Olivia de Havilland. Wallis dit de Bergman : « C'est la seule actrice qui a la luminosité, la chaleur et la tendresse indispensables au rôle ». D'après Roger Ebert, Ingrid Bergman est « lumineuse » dans le rôle d'Ilsa et « elle peint le visage de Bogart avec ses propres yeux », résumant ainsi l'alchimie entre les deux acteurs.

C'est Paul Henreid qui est choisi afin de jouer le héros de la Résistance et mari d'Ilsa, Victor Laszlo. C'est en voyant les épreuves de tournage du film qu'il tourne à ce moment-là avec Bette Davis, Une femme cherche son destin (Now, Voyager), que la Warner jette son dévolu sur Henreid. Le comédien étant sous contrat avec la RKO Pictures, la Warner le convainc en faisant de lui la troisième vedette du film avec son nom aux côtés de ceux de Humphrey Bogart et d'Ingrid Bergman. Cependant, Henreid ne s'entend pas tellement avec les autres comédiens, considérant Bogart comme « un acteur médiocre ». De son côté, Bergman surnomme de façon moqueuse l'Autrichien « prima donna ».

Le reste de la distribution est constitué de seconds rôles hollywoodiens reconnus comme Sydney Greenstreet, Peter Lorre, S. Z. Sakall, Conrad Veidt ou encore Claude Rains. Le pianiste Sam est interprété par Dooley Wilson. Celui-ci étant batteur de formation et ne sachant pas jouer du piano, Hal B. Wallis envisage de le remplacer par un personnage féminin. Finalement, Wilson imite le mouvement des mains du pianiste Elliot Carpenter qui est caché derrière un rideau et qui interprète les vrais morceaux. Même après la fin du tournage, Wallis hésite à faire doubler la voix de Dooley Wilson sur les chansons mais il n'en est finalement rien. Le film emploie également de nombreux figurants d'horizons différents dont des Américains mais aussi des Français, des Allemands ou encore des Autrichiens, la plupart étant des réfugiés ayant fui le régime nazi.

Mise en scène

Le premier choix de Hal B. Wallis comme réalisateur de Casablanca est William Wyler32 mais celui-ci n'est pas disponible. C'est finalement Michael Curtiz, ami de Wallis et déjà aux manettes de nombreux succès de la Warner comme Capitaine Blood (Captain Blood) ou Les Aventures de Robin des Bois (The Adventures of Robin Hood), qui réalise le film, tourné intégralement en studio (excepté la scène de l'arrivée du major Strasser, tournée à l'aéroport de Van Nuys), certains décors ayant déjà servi pour d'autres films, comme celui de la rue initialement construit pour The Desert Song34. Peu réputé pour sa direction d'acteurs, Curtiz excelle d'un point de vue technique. Sa façon de filmer les ombres ou encore ses mouvements de caméra et son sens du rythme donnent à Casablanca un aspect qui permet de l'identifier immédiatement. Pour arriver à ses fins malgré une restriction budgétaire, Curtiz use d'astuces comme pour la scène dans l'aérodrome où l'avion est en fait une maquette en carton plus petite que nature. Voulant des mécaniciens autour de l'appareil, il engage des nains et ajoute un peu de brouillard pour masquer la réalité. Le réalisateur doit également trouver une parade au fait qu'Ingrid Bergman soit plus grande que Humphrey Bogart. C'est ainsi que l'acteur doit se tenir debout sur un marchepied improvisé ou être assis sur des coussins pour paraître plus grand que sa partenaire lors de leurs scènes communes.

Michael Curtiz, qui est un réalisateur énergique et coléreux, filme ses scènes au jour le jour sans savoir ce que lui réserve le lendemain à cause du scénario non finalisé et révisé sans arrêt sur le plateau par les scénaristes, qui ne savent pas eux-mêmes ce qui arrivera aux protagonistes. Cette incertitude fait du tournage un moment difficile pour les acteurs mais aussi toute l'équipe du film. À défaut, Curtiz soigne la forme, grâce notamment à la photographie noir et blanc « clair-obscur » d'Arthur Edeson. L'expérimenté directeur de la photographie, qui a notamment travaillé sur Frankenstein et Le Faucon maltais (The Maltese Falcon), accorde en effet une attention particulière à Ingrid Bergman. Elle est souvent filmée sur son profil gauche (celui qu'elle préfère), avec un filtre à l'effet brumeux et un éclairage faisant briller ses yeux, l'effet recherché étant un air à la fois triste, tendre et nostalgique. Vers la fin du film, Edeson utilise également un éclairage sombre expressionniste digne des films noirs, caractérisant ainsi le style visuel de Michael Curtiz. Avec Casablanca, Curtiz réussit à mettre en lumière bien plus qu'une histoire : la confrontation des hommes face aux dilemmes moraux.

Dénouement de l'histoire

Après leur séjour à Washington, les frères Epstein reviennent travailler sur le script et plus particulièrement sur le dénouement de l'histoire. Comme depuis le début du tournage, de nouvelles pages de scénario sont présentées chaque jour mais aucune fin à l'horizon. La production n'arrive pas à se décider sur le choix qu'Ilsa fera ; partira-t-elle avec Rick ou son époux. Cette situation irrite Bergman qui demande aux Epstein : « Avec qui je pars à la fin, Henreid ou Bogart ? ». Les scénaristes répondant : « On vous le dira quand on le saura ». Ne sachant pas quel personnage « aimer », Bergman se voit demander par Curtiz de louvoyer entre les deux. C'est finalement sur Sunset Boulevard, en allant au studio, que Julius et Philip Epstein ont l'inspiration et s'écrient : « Arrêtez les suspects habituels ! ». Cette phrase devient la réplique adressée par le capitaine Renault à ses hommes après que Rick a tué Strasser, le couvrant ainsi du meurtre. Il ne reste plus qu'à conclure l'intrigue amoureuse par le choix d'Ilsa ou plutôt celui de Rick. C'est certainement la fin la plus adéquate au film dont le romantisme est porté à son paroxysme avec le fameux « Nous aurons toujours Paris ».

Originellement, l'histoire de Everybody Comes to Rick's se déroule en intégralité dans le café de Rick. De ce fait, la pièce se conclut par le départ de Ilsa et Victor vers l'aéroport après y avoir été poussé par Rick. Pendant l'élaboration du scénario, l'hypothèse d'une mort de Victor Laszlo est évoquée afin de permettre le départ de Rick avec Ilsa. Cette fin n'est finalement pas retenue car, comme l'avait décrite Casey Robinson à Hal B. Wallis, la fin « doit mettre en place un retournement de situation lorsque Rick demande à [Ilsa] de prendre l'avion avec Victor. Pour autant, il ne résout pas le problème du triangle amoureux. Il oblige la jeune femme à aller à l'encontre de ses sentiments et la force à continuer sa mission qui est plus importante que leur amour ». Cependant, le studio n'a pas trop le choix car le Code Hays ne permet pas de voir une femme quitter son époux pour un autre homme. La question n'est donc pas de savoir si Ilsa quittera Victor mais comment élaborer la possibilité qu'elle puisse le faire.

Après le tournage, Hal B. Wallis n'est pas complètement satisfait du résultat final. Un mois après le tournage des dernières scènes, Bogart est rappelé pour postsynchroniser sa dernière réplique, sans doute écrite par Wallis en personne. Cette réplique, « Louis, je crois que ceci est le début d'une merveilleuse amitié », est l'une des plus célèbres du film. Wallis envisage également de rajouter une scène dans laquelle Rick et le capitaine Renault sont sur un bateau en compagnie des Forces françaises libres lors des prémices de l'Opération Torch mais cette idée est abandonnée du fait de l'impossibilité pour Claude Rains de se libérer pour le tournage43. David O. Selznick ajoute que « ce serait une terrible erreur de changer la fin ».

Musique Bande originale

Pour écrire la musique de Casablanca, Hal B. Wallis engage son compositeur préféré, Max Steiner, qui est l'auteur de celle de Sergent York (Sergeant York) ou encore Autant en emporte le vent (Gone with the Wind). La musique de Steiner est un élément important du film car c'est sur elle que repose le flashback montrant la romance entre Rick et Ilsa à Paris. Sa conception avant-gardiste de la musique de film permet à Steiner d'intégrer n'importe quelle mélodie à n'importe quel film. Ce qu'il fait dans Casablanca avec As Time Goes By mais aussi La Marseillaise, citées tout au long du film dans différents tons en fonction des scènes. En ces temps troubles, la Warner contribue grandement à « l'effort de guerre » et Casablanca en est une illustration. L'un des moments forts du film est d'ailleurs la « confrontation » entre Die Wacht am Rhein (un hymne non officiel de l'Allemagne nazie) et La Marseillaise, qui causa à Murray Burnett beaucoup d'émotion lors de son écriture  À noter que Madeleine Lebeau (Yvonne) n'a pas dû avoir à forcer son émotion dans la séquence de la Marseillaise. Au moment de ce tournage, la France était toujours occupée, et elle était une véritable exilée politique, étant venue aux États-Unis avec son compagnon, Dalio, menacé par les lois antijuives.

As Time Goes By

La chanson As Time Goes By n'a pas été écrite pour le film. Elle est l'œuvre de Herman Hupfeld qui l'a composée en 1931 pour une revue musicale de Broadway, Everybody's Welcome. À sa sortie, la chanson marche bien sans être un véritable succès. Malgré plusieurs reprises, dont une de Rudy Vallee, ce n'est qu'avec Casablanca qu'elle entre dans la mémoire collective. Interprétée dans le film par Dooley Wilson, As Time Goes By possède le ton nostalgique recherché par la production. Une fois la partition musicale du film achevée, Max Steiner envisage de remplacer la chanson par l'une de ses propres compositions mais la décision de retourner les scènes avec une nouvelle chanson est abandonnée, Ingrid Bergman s'étant entre-temps coupé les cheveux pour jouer dans Pour qui sonne le glas (For Whom the Bell TollsAs Time Goes By et le reste de la bande originale contribuent encore au succès universel du film à travers les décennies.

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Carte

Sources: wikipedia.org, timenote.info

    Personnes

    Nom Fin Langues
    1Ingrid BergmanIngrid Bergman29.08.191529.08.1982de, en, fr, lt, lv, pl, ru
    2Paul  HenreidPaul Henreid10.01.190829.03.1992de, en, fr, pl, ru
    3Peter LorrePeter Lorre26.06.190423.03.1964en, fr, lv, ru
    4Humphrey BogartHumphrey Bogart25.12.189914.01.1957de, en, fr, lt, lv, pl, ru
    5Conrad VeidtConrad Veidt22.01.189303.04.1943en, ru
    6Claude  RainsClaude Rains10.11.188930.05.1967de, en, fr, pl, ru
    7Michael CurtizMichael Curtiz24.12.188811.04.1962de, en, fr, pl, ru, ua
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