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Innocents - est un drame franco-britannico-italien de Bernardo Bertolucci

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Date de l'événement:
10.10.2003

Innocents (anglais : The Dreamers ; italien : I sognatori) est un drame franco-britannico-italien de Bernardo Bertolucci, présenté en avant-première à la Mostra de Venise 2003 et sorti le 10 décembre 2003 en France.

Le scénario de Gilbert Adair est une adaptation de sa nouvelle The Holy Innocents (en) (1988), inspirée du roman Les Enfants terribles (1929) de Jean Cocteau et du film du même nom réalisé par Jean-Pierre Melville en 1950.

Synopsis

À Paris en 1968, Isabelle et son frère jumeau Théo fréquentent régulièrement la Cinémathèque française tout comme Matthew, un étudiant américain réservé. C’est devant la Cinémathèque fermée lors des manifestations de protestation à la suite du renvoi de son directeur Henri Langlois que les trois jeunes gens se rencontrent et sympathisent immédiatement. Matthew, qui loge dans une petite chambre de la rue Malebranche, est invité par Isabelle et Théo à dîner chez eux avec leurs parents.

Restés seuls à Paris pendant les vacances de leurs parents, Isabelle et Théo invitent Matthew à rester chez eux. Celui-ci découvre vite la relation fusionnelle, à la limite de l’inceste, entre Isabelle et Théo. Dans l’appartement où ils sont livrés à eux-mêmes, les jumeaux l’entraînent dans un jeu dangereux ayant pour fond le cinéma : lorsque Isabelle et Matthew ne parviennent pas à trouver un film évoqué par Théo (Scarface, Howard Hawks, 1932), Théo demande à sa sœur de faire l’amour avec le jeune Américain, qui ignore qu’Isabelle est vierge. Par la suite, la relation amoureuse entre Matthew et Isabelle perturbe Théo et la tension s'installe dans l'appartement alors qu'au dehors la grève générale paralyse la capitale.

Les parents d'Isabelle et de Théo rentrent à l'improviste dans l'appartement, découvrant les trois protagonistes endormis couchés nus ensemble pêle-mêle ; ils repartent discrètement en laissant un chèque. Isabelle, en trouvant celui-ci, réalise la scène crue que ses parents ont vue d'eux et, alors que les deux garçons dorment, elle tente de mettre fin à leur vie à tous les trois en ouvrant le gaz. Mais dehors, le quartier latin est en pleine effervescence des manifestations violentes de Mai 68. Opportunément, un pavé lancé depuis la rue percute accidentellement une fenêtre de l'appartement. Le bris de cette fenêtre réveille Matthew et Théo. Isabelle se précipite pour refermer le gaz.

Le trio descend alors dans la rue pour se mêler à la manifestation estudiantine passant sous leurs fenêtres. Matthew, foncièrement non violent, tente en vain d’empêcher les jumeaux d'user de la force contre les CRS.

Fiche technique

  • Titre français : Innocents ou The Dreamers
  • Titre anglais original : The Dreamers
  • Titre italien : I sognatori ou The Dreamers
  • Réalisation : Bernardo Bertolucci
  • Scénario : Gilbert Adair
  • Photo : Fabio Cianchetti
  • Décors : Jean Rabasse
  • Mixage son : Stuart Wilson
  • Producteur : Jeremy Thomas
  • Production : Recorded Picture Company (RPC) Grande-Bretagne
  • Montage : Jacopo Quadri (it)
  • Consultants musicaux : Julien Civange, Charles Henri de Pierrefeu, Janice Ginsberg
  • Pays de production : Drapeau de la France France, Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni, Drapeau de l'Italie Italie
  • Langues : anglais, français
  • Durée : 116 minutes (1 h 56)
  • Interdit aux moins de 12 ans à sa sortie en France en 2003 en raison des scènes de nudité
  • Sortie : 10 décembre 2003 (France)

Distribution

  • Michael Pitt : Matthew
  • Eva Green : Isabelle
  • Louis Garrel : Théo
  • Robin Renucci : le père
  • Anna Chancellor : la mère
  • Jean-Pierre Kalfon : lui-même
  • Jean-Pierre Léaud : lui-même

Production

L'intrigue s'inspire librement du roman de Gilbert Adair, The Holy Innocents (en) (1988), lui-même inspiré des Enfants terribles (1929) de Jean Cocteau ; l'auteur vivait à Paris à la fin des années 1960. Le scénariste Adair fait une brève apparition dans le film en tant que visiteur du Louvre. Pour son scénario, il s'est également inspiré de ses œuvres The Dreamers et Buenas Noches, Buenos Aires (toutes deux publiées en 2003). L'histoire a pour toile de fond les événements entourant la destitution d'Henri Langlois, directeur de la Cinémathèque française, par le ministre gaulliste de la Culture André Malraux en février 1968. De nombreux cinéastes, dont des représentants de la Nouvelle Vague tels que François Truffaut et Jean-Luc Godard, ont découvert l'histoire du cinéma grâce aux projections de la Cinémathèque dans les décennies d'après-guerre. Bertolucci avait lui aussi assisté aux projections de la Cinémathèque lors de ses voyages à Paris. Il passa toutefois le mois de mai 1968 à Rome pour le tournage de son long métrage Partner. La destitution de Langlois par le gouvernement gaulliste déclencha de vives protestations de la part d'étudiants en cinéma et de réalisateurs connus. Des manifestations violentes éclatèrent. Les protestations aboutirent à la réintégration de Langlois, et les étudiants prirent conscience qu'ils pouvaient exercer un pouvoir social dans la rue. La lutte pour la Cinémathèque marqua le début d'autres troubles qui débouchèrent sur la grève générale de mai.

Dans les scènes consacrées aux manifestations devant la Cinémathèque, Jean-Pierre Léaud fait une brève apparition, entrecoupée d'images originales en noir et blanc de l'époque le montrant aux côtés d'autres personnalités du cinéma. L'acteur Jean-Pierre Kalfon joue également son propre rôle dans une brève apparition dans la même scène. Outre ce matériel documentaire, Bertolucci a intégré de nombreuses références tirées de classiques du cinéma, y compris les films À bout de souffle et Bande à part de Jean-Luc Godard. Les trois adolescents imitent eux-mêmes la course à travers le Louvre de Bande à part et battent le record. Les détenteurs des droits avaient donné leur accord pour utiliser les extraits souhaités des films de Godard, mais Bertolucci voulait également obtenir l'autorisation personnelle de Godard et a ensuite fait l'éloge de la générosité de ce dernier. Les références à l'histoire du cinéma sont également présentes au niveau de la distribution : le père de Louis Garrel est Philippe Garrel, qui a percé en tant que réalisateur en 1968, et Eva Green est la fille de Marlène Jobert, qui a joué dans Masculin féminin de Godard.

Les trois jeunes gens vénèrent le cinéma, comme si le simple fait de regarder un film était un acte révolutionnaire ; pour eux, c'est le meilleur des mondes. L'histoire est racontée du point de vue de l'Américain. L'innocence américaine côtoie l'intellectualisme européen. « Alors que chez l'Américain, la raison l'emporte toujours, le Français est un romantique jusqu'au bout des ongles ». Le site film-dienst a critiqué le fait que le personnage de Matthew soit anachronique, car son sens des réalités et son rejet de toute violence le font plutôt appartenir au XXIe siècle. Cependant, les jeunes Américains qui séjournaient à Paris à l'époque ne voulaient pas partir à la guerre du Vietnam et faisaient partie de ceux qui rejetaient la violence. Le champ d'action se rétrécit dans le film au fur et à mesure que l'intrigue progresse ; les excursions des trois personnages se concentrent d'abord sur la Cinémathèque, puis ils se retirent dans l'appartement, et enfin dans une tente à l'intérieur de l'appartement. Cela rappelle Le Dernier Tango à Paris (1972) du même Bertolucci, qui se déroulait en grande partie dans l'espace clos d'un appartement parisien. Bertolucci a confirmé la similitude : Innocents se concentre sur l'individu qui, face à la menace de l'âge adulte, se réfugie dans son appartement comme dans le ventre de sa mère, comme dans son autre film. Il voit toutefois une différence dans la sexualité représentée : dans Le Dernier Tango, elle est mélancolique et sombre, tandis que dans Innocents, elle est agréable et sensuelle. Seul un pavé brise l'isolement des jeunes et leur fait prendre conscience qu'il existe une vie à l'extérieur, où il se passe quelque chose. En fin de compte, Bertolucci se représente lui-même à travers les trois jeunes : comme Isabelle, il était passionné de cinéma et essayait de mettre en scène chaque détail de sa vie ; comme Théo, il discutait de politique et de poésie et cherchait à prendre ses distances artistiques avec son père, qui était également poète. On peut même considérer Isabelle, le pragmatique Matthew et Théo comme le ça, le moi et le surmoi.

Motivations de Bertolucci pour le film

L'une des raisons qui ont poussé Bertolucci à réaliser ce film était le manque de connaissances actuelles sur ce qui animait réellement la génération de l'époque. Aujourd'hui, rares sont ceux qui savent que ce sont des cinéphiles qui ont déclenché la révolte de mai 68 à Paris. Les participants espéraient changer le monde et savaient qu'ils participeraient d'une manière ou d'une autre à ce changement : « Je n'ai jamais vécu de moment historique aussi brillant, aussi magique, aussi enthousiasmant ! ». Et : « Les années 1960 ont été pour moi la meilleure période de ma vie ». Il ne veut rien exagérer, mais inciter le public à réfléchir à la manière dont le mouvement a changé la société. Le recul des formes d'éducation autoritaires, le renforcement de la démocratie et du pouvoir des femmes ainsi que la libéralisation de la sexualité sont des acquis qui doivent selon lui être attribués au mouvement soixante-huitard. Il considère les opposants à la mondialisation comme les héritiers du mouvement de 1968.

Références cinématographiques

Le film comporte un grand nombre de citations, de références et de renvois à de nombreux films. Certaines sont plus explicites et citées ou montrées directement, tandis que beaucoup d'autres sont de petits détails tels que des affiches sur les murs, des plans, des blagues et plus encore. La liste suivante est indicative, mais non exhaustive.

  • 1963 : Shock Corridor de Samuel Fuller : le film que Matthew regarde à la Cinémathèque au début du film.
  • 1960 : À bout de souffle de Jean-Luc Godard : le premier soir où Isabelle et son frère rencontrent Matthew, la jeune fille imite Patricia Franchini en criant « New York Herald Tribune ».
  • 1954 : Johnny Guitare (Johnny Guitar) de Nicholas Ray : le film est mentionné dans un dialogue sur Nicholas Ray.
  • 1955 : La Fureur de vivre (Rebel Without a Cause) de Nicholas Ray : le film est mentionné dans un dialogue sur Nicholas Ray.
  • 1933 : La Reine Christine (Queen Christina) de Rouben Mamoulian : Isabelle joue la scène où la reine Christina « mémorise la pièce », dans la chambre de Matthew.
  • 1935 : Le Danseur du dessus (Top Hat) de Mark Sandrich : Isabelle met Matthieu au défi de deviner un film dans lequel une scène de claquettes réveille le voisin du dessous.
  • 1931 : Les Lumières de la ville (City Lights) de Charlie Chaplin : cité par Théo dans un dialogue avec Matthieu.
  • 1964 : Bande à part de Jean-Luc Godard : Isabelle, Théo et Matthieu courent à travers le Louvre (inspirée par le record d'un prétendu américain Jimmy Johnson) pour tenter de battre le record de 9 minutes et 45 secondes, et ils y parviennent.
  • 1932 : La Monstrueuse Parade (Freaks) de Tod Browning : Après la course au Louvre, Isabelle et Théo disent à Matthieu : « Il est des nôtres ! ».
  • 1932 : Blonde Vénus (Blonde Venus) de Josef von Sternberg : Isabelle rejoue la scène de Marlene Dietrich.
  • 1932 : Scarface de Howard Hawks : Théo joue la scène de la mort de Paul Muni et demande à Isabelle de retrouver le film.
  • 1945 : Les Dames du bois de Boulogne de Robert Bresson : Dans la baignoire, Isabelle cite la phrase du film : « L'amour n'existe pas, il n'y a que des preuves d'amour ».
  • 1956 : La Blonde et moi (The Girl Can't Help It) de Frank Tashlin : le film qu'Isabelle et Matthieu regardent au cinéma lors de leur rendez-vous.
  • 1966 : Persona d'Ingmar Bergman : une image du film est présentée sur un bureau.
  • 1967 : La Chinoise de Jean-Luc Godard : une affiche du film apparaît dans la maison des protagonistes.
  • 1965 : Pierrot le Fou de Jean-Luc Godard : la bande originale du film est mentionnée.
  • 1950 : Boulevard du crépuscule (Sunset Boulevard) de Billy Wilder.
  • 1967 : Mouchette de Robert Bresson : Isabelle tente de se suicider avec du gaz, ferme les yeux et imagine une scène du film.
  • 1928 : L'Opérateur (The Cameraman) d'Edward Sedgwick et Buster Keaton : Réponse de Matthieu à la citation de Théo.
  • 1959 : Les Quatre Cents Coups de François Truffaut : la bande originale du film est mentionnée.

Attribution des rôles

Eva Green a témoigné en 2018 après la mort du réalisateur qu'il s'agissait « probablement d'une de [s]es meilleures expériences » de cinéma : « Parce que c’était mon premier film, mes parents étaient inquiets. Ils pensaient que j’allais en ressortir abîmée parce qu’il y avait des histoires à propos de ce qui était arrivé à Maria Schneider sur Le Dernier Tango à Paris. Mais j’ai rencontré Bernardo pour les essais et j’ai aimé l’ambiance [...] De ma propre expérience, [Bernardo] a toujours été un gentleman. Très respectueux. Il savait à quel point j’étais nerveuse pour les scènes de sexe mais ne m’a jamais poussée. Il nous a laissé faire. Il n’y avait jamais quoi que ce soit de bizarre ».

Le rôle de Matthew a été proposé à Jake Gyllenhaal et Leonardo DiCaprio. Gyllenhaal a refusé en raison des scènes de nudité trop crues (plusieurs gros plans sur le pénis du protagoniste), DiCaprio parce qu'il était occupé par la préproduction du film Aviator.

Tournage

Avec Innocents, Bernardo Bertolucci tournait à nouveau un film à Paris quelque trente ans après Le Dernier Tango à Paris (sorti en 1972).

Le tournage a débuté le 18 juillet 2002.

Sur fond de tour Eiffel (7e arrondissement) le jeune Américain parcourt le pont d'Iéna (reliant les 7e et 16e arrondissements) et traverse la place de Varsovie (16e arrondissement) en savourant son plaisir de se rendre à la Cinémathèque française, alors située dans l’aile amont du palais de Chaillot (16e arrondissement)

La manifestation en faveur de Henri Langlois se déroule près de la Cinémathèque, dans les jardins du Trocadéro. Après avoir échappé aux forces de l’ordre, les trois héros dévalent l’escalier de la rue Beethoven, se promènent sur les berges de la Seine avant de s’engager sur la passerelle Debilly (reliant les 16e et 7e arrondissements).

Le jeune Américain loge dans un hôtel dont l’entrée est située 7-9, rue Malebranche (5e arrondissement).

L’appartement des parents est au 1, place de Rio-de-Janeiro, un immeuble haussmannien alors inoccupé (à l’exception de commerces au rez-de-chaussée) avec cour intérieure (l’appartement en fait le tour), mais ce lieu de tournage (dans le 8e arrondissement de Paris) ne correspond pas nécessairement à une localisation suggérée par le scénario.

On dispose aussi de témoins de l’utilisation de l’avenue de Messine (proche de la place de Rio-de-Janeiro) comme lieu de tournage.

Musée du Louvre (1er arrondissement) : scène de la course à l’intérieur du musée à l’imitation du film Bande à part de Jean-Luc Godard sorti en 1964, dont des extraits sont montrés.

L'université Paris 5 René Descartes, 12, rue de l'École-de-Médecine[18] (6e arrondissement) sert de cadre à l’université fréquentée par le frère.

Le cinéma où se rendent les deux personnages est le Mac Mahon, une salle du 17ème arrondissement spécialisée dans la cinéphile, et dont les habitués, surnommés les « Mac mahoniens » jouèrent un rôle important dans la sphère du cinéma des années 1960 et 1970. La salle étant protégée au titre des monuments historiques, le chef opérateur dû prendre des mesures particulières pour y tourner.

On reconnaît la place Alphonse-Laveran (5e arrondissement) dans la scène en extérieur où le jeune Américain regarde les actualités à la télé avec la sœur dans la vitrine d'un magasin, le tout sur fond de grilles (les ordures s’y accumulent du fait des grèves) avec vue sur l’église du Val-de-Grâce.

Bande originale

Le film est enrichi par une bande sonore très hétérogène, composée uniquement de chansons pop contemporaines de l'époque du film ou reprises de bandes originales de films précédents. Le seul morceau original est une reprise de Hey Joe, interprétée par Michael Pitt avec The Twins of Evil.

  1. Michael Pitt & The Twins of Evil - Hey Joe
  2. Jimi Hendrix - Third Stone from the Sun
  3. Jean Constantin - Quatre Cents Coups
  4. Martial Solal - New York Herald Tribune
  5. Michel Polnareff - Love Me, Please Love Me
  6. Charles Trenet - La Mer
  7. Steve Miller Band - Song for Our Ancestors
  8. The Doors - The SpyMaggie M'Gill
  9. Françoise Hardy - Tous les garçons et les filles
  10. Antoine Duhamel - Ferdinand
  11. Grateful Dead - Dark Star
  12. Édith Piaf - Non, je ne regrette rien
  13. Bob Dylan - Queen Jane approximately
  14. Irving Berlin - No strings (I'm fancy free) (issu du film Le Danseur du dessus), Let's face the music and dance
  15. Nino Ferrer - C'est irréparable
  16. Sam Andrew - Combination of the two
  17. Rodolfo Halffter - El paso del ebro
  18. Charles Dumont - Non, je ne regrette rien
  19. Janis Joplin - I need a man to love
  20. Janis Joplin - Ball & Chain

Exploitation

Avec un budget de 15 millions de dollars (15 982 377 euros), le film rapporte 23 702 347 dollars dans le monde entier. Le film enregistre 79 849 entrées en France, 119 246 entrées en Allemagne et 188 302 entrées en Espagne.

    Personnes

    Nom Fin Langues
    1Janis JoplinJanis Joplin19.01.194304.10.1970de, en, lv, ru
    2Jimi HendrixJimi Hendrix27.11.194218.09.1970de, ee, en, lt, lv, pl, ru, ua
    3Bernardo   BertolucciBernardo Bertolucci16.03.194126.11.2018en, fr, lv, pl, ru, ua
    4Marija ŠneidereMarija Šneidere00.00.193600.00.1947lv
    5François TruffautFrançois Truffaut06.02.193221.10.1984de, en, fr, lv, pl, ru
    6Jean-Luc GodardJean-Luc Godard03.12.193013.09.2022ee, en, fr, lv, pl, ru
    7Édith  PiafÉdith Piaf19.12.191511.10.1963de, ee, en, lt, lv, pl, ru, ua
    8Henri Cartier-BressonHenri Cartier-Bresson22.08.190803.08.2004de, en, fr, lt, lv, pl, ru
    9Buster KeatonBuster Keaton04.10.189501.02.1966ee, en, pl, ru
    10Charles de GaulleCharles de Gaulle22.11.189009.11.1970ee, en, lt, lv, pl, ru
    11Jean  CocteauJean Cocteau05.07.188911.10.1963de, en, fr, lv, pl, ru, ua
    12Charlie ChaplinCharlie Chaplin16.04.188925.12.1977de, en, fr, lt, lv, pl, ru
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