Charlie Chaplin
- Date de naissance:
- 16.04.1889
- Date de décès:
- 25.12.1977
- Noms supplémentaires:
- Charles Chaplin, Čarlijs Čaplins, Sir Charles Spencer Chaplin, Чарли Чаплин, Sers Čārlzs Spensers Čaplins, Чарльз Спенсер, Charles Spencer Chaplin, Charlie Chaplin
- Catégories:
- Acteur, Compositeur, Comédien, Réalisateur
- Nationalité:
- anglais
- Cimetière:
- Corsier-sur-Vevey, Corsier-Sur-Vevey Cemetery
Charles Spencer Chaplin, Jr., dit Charlie Chaplin, est un acteur, réalisateur, producteur, scénariste, écrivain et compositeur britannique né à Londres le 16 avril 1889 et mort le 25 décembre 1977 à Corsier-sur-Vevey, en Suisse. Par son jeu de mime et de clownerie, il a su se faire remarquer, devenir l'un des plus populaires acteurs d'Hollywood et réaliser des courts puis des longs métrages qui l'ont rendu célèbre.
Charlie Chaplin fut l'un des personnages les plus créatifs de l'ère du cinéma muet. Réalisateur, scénariste, producteur, monteur, et même compositeur de la musique de ses films. Sa carrière a duré plus de soixante-cinq ans, du music-hall en Angleterre, jusqu’à sa mort, en Suisse.
Inspiré par l'acteur burlesque français Max Linder, son personnage Charlot, pour les francophones, The Tramp (le vagabond) dans les pays anglo-saxons, apparaît pour la première fois dans Charlot est content de lui (Kid Auto Races at Venice), le 7 février 1914. C'est un sans domicile fixe qui a des manières raffinées dignes d'un gentleman, muni d'une canne de bambou, coiffé d'un chapeau melon, vêtu d'une veste étriquée et d'un pantalon qui tombe sur des chaussures trop grandes. Cette allure lui vaut la réputation de « vagabond » misérable et roué, asocial et obstiné, révolté et sentimental.
Après la crise économique des années 30 et l'arrivée du parlant, Chaplin modifie son personnage, puis l'abandonne dans ses longs métrages des années 40 et 50, dans lesquels il continue (sauf pour son dernier film) à tenir les rôles principaux, ceux de personnages à la fois comiques, révoltés et sentimentaux, dénonçant l'injustice. Cet engagement social lui vaut des accusations de sympathies communistes lors de la période du maccarthysme. Il quitte les USA, qui ne lui remettent un oscar d'honneur qu'à la fin de sa vie.
La vie publique et privée de Charlie Chaplin a fait l'objet d'adulation comme de controverses.
Biographie
L’acteur Charlie Chaplin, au début des années 1900, peu après son arrivée aux États-Unis.
Né à Est Lans dans le quartier de Walworth, un quartier très pauvre de Londres, le 16 avril 1889 (quatre jours avant Hitler, dit-il dans un interview), Charles Spencer Chaplin est le fils de Charles Chaplin et d'Hannah Hill (connue sous le nom de scène Lili Harley), tous deux artistes de music-hall. Il fut baptisé à l'Église anglicane, mais il sera plus tard agnostique. Il n'a qu'un an lorsque son père part en tournée aux États-Unis. Il a alors plusieurs demi-frères, l’un plus vieux que lui (Sydney Chaplin, né en 1885 d’une relation de sa mère avec Sydney Hawkes), l’autre plus jeune (Wheeler Dryden né en 1892 et ayant pour père Leo Dryden (en) et lui-même père du musicien Spencer Dryden). Lorsqu'il revient des États-Unis, Chaplin senior découvre la nouvelle situation conjugale et abandonne sa famille, Charles Spencer n'avait alors que trois ans.
La misère s'installe au foyer : Hannah, atteinte d'une maladie mentale, est internée dans un hôpital psychiatrique en juin 1894. Charlie et ses frères sont alors placés dans un orphelinat, à Hanwell. Deux mois plus tard, la mère de Chaplin obtient son congé de l'hôpital. Quelques années plus tard, Hannah sera de nouveau admise à l'hôpital et y restera, cette fois, huit mois. Pendant ce temps, Charlie vécut avec son père et sa belle-mère alcoolique, dans un environnement intenable pour un enfant, dont les souvenirs inspireront plus tard Le Kid.
À cinq ans, Chaplin monte sur scène pour remplacer au pied levé sa mère qui ne peut plus chanter, victime d'une extinction de voix. C'est sa première apparition sur scène. Puis, en 1896, son père, ne trouvant plus d'engagement, sombre dans l'alcoolisme avant de mourir à l'âge de trente-sept ans, d'une cirrhose du foie. Le frère de Charlie, Sydney, quitte le foyer parental pour travailler dans la marine. Charles Spencer est alors seul avec sa mère.
Entre neuf et douze ans, c'est grâce à son frère que Charlie entame une carrière d'enfant de la balle dans la troupe des Eight Lancashire Lads. Puis, il obtient à partir de 1903 une succession de contrats au théâtre, et en 1908, il est engagé dans la troupe de Fred Karno, alors le plus important impresario de spectacles avec des sketches. Il y rencontre le futur Stan Laurel. Au cours d'une tournée de la troupe en Amérique, les studios Keystone lui adressent une proposition de contrat qu’il accepte : l'aventure cinématographique commence.
Le succès
Charlie Chaplin dans les années 1910.
Charlie Chaplin et Jackie Coogan dans Le Kid
Les cadences de l’époque étaient rapides et les films mis en boîte en quelques heures. Ne supportant pas les pressions dues à ces temps très brefs, Chaplin s'adapte très mal aux conditions de travail de la compagnie, à tel point que les incidents avec les metteurs en scène sont fréquents.
Sur les ordres de Mack Sennett qui avait ouvert à Hollywood en 1912, le studio Keystone, celui-ci lui demande de se créer un maquillage au pied levé, il crée en 1914 le personnage raffiné de Charlot le vagabond, et recentre tout son comique autour du nouveau personnage et de sa silhouette qu'il inaugure dans Charlot est content de lui (1914).
Mécontent du travail des réalisateurs, Chaplin prend en main, à partir de juin 1914, la mise en scène de ses films. L'ascension est alors fulgurante. Ses salaires décuplent d'année en année, il change régulièrement de studio : Essanay en 1915 puis Mutual Film en 1916 où il gagne 675 000 dollars et devient la célébrité la mieux payée au monde. En 1918, il signe un contrat de distribution d’un million de dollars avec la First National, qui lui laisse la production et la propriété de huit films prévus.
Il fait alors immédiatement construire son propre studio dans lequel il réalise neuf films dont Une vie de chien, Le Kid et Charlot soldat. En 1919, un vent de révolte souffle sur Hollywood où les acteurs et cinéastes se déclarent exploités ; Chaplin s'associe alors à David Wark Griffith, Mary Pickford et Douglas Fairbanks pour fonder la United Artists. Puis, Chaplin fait peu à peu entrer dans son univers comique celui du mélodrame et de la réalité sociale comme dans La Ruée vers l'or (1925).
Le cinéma parlantCharlot, le personnage principal de Charlie Chaplin Article détaillé : cinéma parlant.
Farouche opposant au parlant, il introduit des éléments sonores par petites touches. Les Lumières de la ville (1931) est le premier film à en bénéficier, mais de manière très ironique. Chaplin souffle pendant des heures dans un vieux saxophone afin de parodier les imperfections du parlant lors de la scène d'ouverture du film. De plus Chaplin ne se détourne pas de son projet initial de film muet. Pour comprendre son refus, il faut savoir que le cinéaste était passé maître dans l'art de la pantomime. Le langage de Charlot est uniquement basé sur la gestuelle, donc un langage universel. Un film dialogué a une audience un peu plus limitée car il contient la barrière de la langue et Chaplin veut s'adresser à tous. Les critiques s'accumulent. On le dit fini, à l'instar de ses amis David Wark Griffith, Mary Pickford et Douglas Fairbanks et de bien d'autres vedettes du muet qui n'ont pas survécu au parlant. Il entreprend un long voyage, qui va durer plus d'un an et demi, à travers le monde, en Europe notamment, pour présenter son film. Il rencontre de nombreuses personnalités, parmi lesquelles Albert Einstein et la plupart des chefs d'États (parmi lesquels le premier ministre japonais Inukai Tsuyoshi assassiné par des sous-officiers japonais qui voulaient aussi tuer Chaplin pour « provoquer la guerre avec les USA »). Il s'inquiète de la situation économique, du chômage et de la misère sociale, lui qui n'a jamais oublié son origine modeste.
Il conjugue tout cela dans Les Temps modernes (1936), le dernier film muet de l'histoire et l'un des plus célèbres, sinon le plus célèbre, de son auteur. Il n'intègre que quelques scènes dialoguées, l'essentiel du film restant muet. Il prouve à ses détracteurs qu'il faut encore compter avec lui et que le parlant n'est pas un problème. Après de multiples emplois, Charlot est engagé dans un restaurant. Il doit chanter, mais le trac le paralysant, il oublie ses paroles. Le personnage joué par Paulette Goddard les lui copie sur ses manchettes. Malheureusement, lors de son entrée, il envoie valser ses « antisèches ». Il balance un charabia incompréhensible (mélange de sonorités françaises et italiennes), assorti d'une pantomime qui fait rire l'assistance. Charlot s'en sort avec le langage du clown. Cette scène est un évènement : pour la première fois, le public du monde entier peut entendre la voix de son acteur fétiche. Ce film est également l'ultime apparition à l'écran du personnage Charlot. Il parle aussi de la difficulté du travail à la chaîne qui rend fou la plupart des employés, dont le personnage interprété par Chaplin, ce qui lui vaut un passage à l'hôpital psychiatrique dans le film.
Retranscription des paroles de la chanson de Charlot dans Les Temps modernes :
« Se bella piu satore, je notre so catore, Je notre qui cavore, je la qu’, la qui, la quai! Le spinash or le busho, cigaretto toto bello, Ce rakish spagoletto, si la tu, la tu, la tua! Senora pelefima, voulez-vous le taximeter, La zionta sur le tita, tu le tu le tu le wa! »
En 1940, il tourne Le Dictateur. Il répond, par moustache interposée, à Hitler et s'insurge contre la dictature qui empoisonne l'Europe. Hitler et Mussolini sont tournés en dérision, et deviennent Hynkel et Napaloni. L'ambassadeur d'Allemagne aux États-Unis fait pression pour interdire le tournage et tout Hollywood, craignant des répercussions, demande à Chaplin de renoncer à son projet. Mais le cinéaste reçoit le soutien du président Franklin Roosevelt, lequel l'invitera, quelques semaines après la sortie du film, à la Maison-Blanche, pour s'entendre réciter le discours final. Le film est interdit sur tout le continent Européen, mais une rumeur circule : Hitler l'aurait vu, en projection privée. En France, il ne sortira qu'en 1945. Cette fois-ci, Chaplin est définitivement entré dans l'ère du cinéma sonore, et signe l'arrêt de mort du petit vagabond.
« Espoir… Je suis désolé, mais je ne veux pas être empereur, ce n’est pas mon affaire. Je ne veux ni conquérir, ni diriger personne. Je voudrais aider tout le monde dans la mesure du possible, juifs, chrétiens, païens, blancs et noirs. Nous voudrions tous nous aider si nous le pouvions, les êtres humains sont ainsi faits. Nous voulons donner le bonheur à notre prochain, pas lui donner le malheur. (…) Chacun de nous a sa place et notre terre est bien assez riche, elle peut nourrir tous les êtres humains. Nous pouvons tous avoir une vie belle et libre mais nous l’avons oublié… »
— Discours du barbier juif extrait du Dictateur (1940)
Dans ce discours, Chaplin est convaincu qu'il doit laisser parler son cœur, et qu'il pourrait peut-être même ainsi mettre fin à la guerre. Ce film fait preuve de tant de clairvoyance que l'on pourrait penser qu'il a été réalisé après la Shoah. La confusion fut entretenue entre autres par le FBI qui commençait tous ses rapports comme suit : Israël Thonstein alias Charles Chaplin. En fait, le Who's Who de la communauté juive américaine avait auparavant affirmé que Chaplin était issu d’une famille nommée Thonstein, émigrée d’Europe de l'Est et établie à Londres depuis 1850.
L'après guerre et l'exil
Chaplin rend visite à la famille de Gandhi.
Stèle de Charles Chaplin dans le Parc Chaplin, à Corsier-sur-Vevey où il vécut de 1957 jusqu'à sa mort en 1977.
En 1943, alors qu'il vient de se marier pour la quatrième fois, il est victime d'un procès en reconnaissance de paternité que lui intente l'actrice Joan Barry (en) et qui défraie la chronique.
En 1946, Chaplin tourne son film le plus dur, Monsieur Verdoux. Orson Welles propose à Chaplin un scénario basé sur l'affaire Landru. Chaplin se l'approprie, réécrit le scénario, en y incorporant une critique du monde de l'Après-guerre et de ses dégâts économiques et sociaux. Pour éviter tout malentendu avec Welles, qui a écrit la première mouture du scénario, il lui propose 5 000 dollars et sa mention au générique. Ce que le cinéaste, en délicatesse financière, accepte. Une fois encore, Chaplin livre un message empreint de cynisme mais également d'humanisme.
En 1950, il vend la quasi-totalité de ses parts à la United Artists et travaille aux Feux de la Rampe où il décrit la triste fin d'un clown dans le Londres de son enfance. Ses propres enfants apparaissent comme figurants et Chaplin tient le premier rôle. Le film sort en 1952 à Londres et vaut un triomphe à son auteur. L'une des plus belles scènes du film se trouve vers la fin : Buster Keaton joue un pianiste et Chaplin un violoniste. Mais rien ne se déroule comme prévu car Keaton a des problèmes avec ses partitions et son piano et Chaplin doit se battre avec les cordes de son violon. Grand moment de comique burlesque avec ces deux géants d'une époque révolue. Il faut noter, que sur des paroles de Jacques Larue, c'est Chaplin qui a écrit la musique de la chanson du film Deux petits chaussons.
Victime du maccarthisme (son nom figure sur la « liste noire de Hollywood »), il est harcelé par le FBI en raison de ses opinions de gauche (pour sa part, il se présentait comme un « citoyen du monde »). En 1952, Charlie Chaplin et sa famille retournent à Londres pour promouvoir le nouveau long métrage, Les Feux de la rampe. Profitant de l'occasion, le sénateur Joseph McCarthy lui interdit de retourner en Amérique, en supprimant son visa. Il renonce alors à sa résidence aux États-Unis et installe sa famille en Suisse, à Corsier-sur-Vevey au Manoir de Ban, jusqu’à la fin de ses jours.
En 1954, il donne deux millions de Francs à l'Abbé Pierre et à Emmaüs, soit environ 40 500 euros (en valeur 2010), à la suite de l'appel de 1954. Il déclare à cette occasion : « je ne les donne pas, je les rends. Ils appartiennent au vagabond que j'ai été et que j'ai incarné. ». Après avoir reçu le Prix international de la paix cette même année, il tourne à Londres Un roi à New York (1957) où il ridiculise la « Chasse aux sorcières » menée dans l'Amérique de la Guerre froide.
En 1967, il tourne son dernier film, cette fois-ci en couleur, La Comtesse de Hong Kong, avec Sophia Loren, Marlon Brando et Tippi Hedren, dont l'action se déroule sur un paquebot et où il ne tient qu'un petit rôle : celui d'un steward victime du mal de mer.
Au cours des années 1970, le monde entier lui rendra hommage : Prix spécial au Festival de Cannes en 1971 (Festival où Jacques Duhamel, alors ministre des Affaires culturelles, le fit commandeur de l'ordre national de la légion d'honneur), Lion d'or à la Mostra de Venise, anoblissement par la reine Elizabeth II, Oscar spécial... Cependant, lorsque Chaplin revient à Hollywood en 1972 pour recevoir un Oscar d'honneur, il ne lui sera attribué qu'un visa temporaire.
Fêté et adulé dans le monde et dans son pays, sauf encore aux États-Unis où il a bâti son succès et reçu un hommage tardif, Sir Charles Spencer Chaplin s'éteint au matin de Noël, le 25 décembre 1977.
Début mars 1978, sa tombe est profanée et sa dépouille est dérobée. De nombreuses demandes de rançon plus ou moins farfelues sont adressées à la famille Chaplin. Le corps du cinéaste sera retrouvé onze semaines plus tard, dans un champ, et les deux malfrats qui l'avaient enlevé seront condamnés pour tentative d'extorsion de fonds.
Mariages et vie privée
Charlie Chaplin en 1965
Charlie Chaplin a été marié à 4 reprises :
- Mildred Harris (1901-1944) pendant un peu plus d'un an à partir d'octobre 1918.
- Lita Grey (1908-1995) de 1924 à 1927, ils ont deux fils, Charles Chaplin Jr.(1925-1968) et Sydney Chaplin (1926-2009) ;
- Paulette Goddard (1910-1990) de 1936 à 1942 (mariage secret pendant un voyage en paquebot) sans postérité ;
- Oona O'Neill (1925-1991), fille de l'auteur dramatique Eugene O'Neill, de 1943 jusqu'à la mort de Chaplin en 1977. Ils ont huit enfants : Géraldine en 1944, Michael en 1946, Josephine en 1949, Victoria en 1951, Eugene Chaplin en 1953, Jane Cecil en 1956, Annette Emily en 1959, Christopher en 1962.
Toutefois, quelques prénoms comme François Chaplin et Ariel Chaplin se font entendre.
Mildred Harris, Lita Grey et Paulette Goddard étaient toutes trois ses partenaires à l'écran.
Ses mariages ont défrayé la chronique américaine, en effet il a vingt-neuf ans quand il se marie avec Mildred Harris, qui en a dix-sept ; il en a trente-cinq quand il épouse Lita Grey qui a seize ans ; il a quarante-sept ans quand il convole avec Paulette Goddard qui en a vingt-cinq ; il a cinquante-quatre ans lors de son mariage avec Oona O'Neill qui en a dix-huit.
Du muet au parlant
L'Émigrant
Le monde de Chaplin et surtout celui de son personnage Charlot est celui du muet. Cependant, avec l'arrivée du parlant, Chaplin a dû faire un choix et opérer un passage du muet au sonore, puis au parlant.
C'est dans Les Lumières de la ville que Chaplin débute ce passage au sonore. Il utilise une bande son qu'il a lui-même composée et quelques effets de bruitage. Cependant, comme le dit Michel Chion, il s’agit tout de même d’un « véritable manifeste pour la défense du muet ». Dès le départ, le titre du film le place sous le signe du visuel : la lumière. De nombreuses scènes se font également sous le signe de la révélation visuelle (dévoilement des statues et la scène finale où la jeune femme reconnaît Charlot) et de voyeurisme (Charlot regardant une statue de femme nue). Choisir le sujet d'une jeune aveugle aurait pu permettre à Chaplin de travailler sur le monde du son. Or, s'il y a une chose qui n'est pas sonore, c'est bien le moment où le bruit de la portière fait croire à la jeune aveugle que Charlie est un millionnaire - gag qui a nécessité plusieurs mois d'élaboration, et plusieurs interruptions de tournage. Le bruitage se veut également un pied de nez au parlant. Lors de la scène de l'inauguration des statues, les seuls sons qui sortent de la bouche des officiels sont « quelques bêlements de saxophone à peine synchronisés avec le mouvement des lèvres », qui évoquent la banalité du discours. De plus, lorsqu'un homme mange le savon de Charlie et que celui-ci se met à le disputer, tout ce qui sort de sa bouche est des bulles de savon, comme si toute parole était vaine.
Lorsque Chaplin débute le tournage des Temps modernes (1936) en parlant, il se rend compte bien vite qu’il s’y perd. Il décide de brûler sa pellicule et de tout recommencer depuis le début. Même si son film est musicalisé à 90 %, il reste muet, continuant d’avoir recours aux cartons pour les dialogues. Cependant, les intrusions de sons réalistes se font de plus en plus nombreuses : sons de machines, mais surtout, apparition de voix. Les premières lignes de dialogues sont retransmises par des machines : par le circuit de surveillance, par le gramophone et par une radio. D’ailleurs, la première voix entendue (celle du patron) est menaçante et toute puissante, provoquant l’esclavage des employés. Les autres voix, celles émises directement par les bouches des personnages, continuent à ne pas se faire entendre et sont retransmises par des cartons. La seule fois où on entend réellement un personnage parler « en direct » est également la première fois où l’on entend la voix de Chaplin. Cependant, même si celui-ci essaie d’avoir un langage articulé, il baragouine, ayant oublié les paroles de sa chanson : « c’est comme le langage à la naissance », langage que Chaplin développera dans les prochains films.
Paulette Goddard et Charlie Chaplin dans Le Dictateur
Dans Le Dictateur, contrairement aux Lumières de la ville, le titre fait appel au monde de la parole. Même si le film est presque entièrement parlant et renonce définitivement aux cartons du muet, Chaplin ne renonce pas encore au langage de la pantomime. De surcroît, il s’agit du film où la « question du discours, de la parole retransmise est posée avec la plus grande virulence ». Le film sera donc divisé entre deux discours importants : celui de Hynkel et celui du barbier. Celui de Hynkel sera ridiculisé par un charabia agressif (mélange de yiddish, d'allemand et d'anglais), créant ainsi un « espéranto noir, un charabia au jappement glapissant ponctué de borborygmes et de hoquets ». Le deuxième discours, celui où le barbier prend finalement la parole à la fin du film est également très important. Tout au long du film, le barbier s'est contenté de dire oui et non, de hocher de la tête. Il ne parle pas. Cependant, la finale du film l’obligera à prendre la parole, alors qu’un officier lui dit : « Le monde attend vos paroles ». À cela, il répondra qu’il ne peut pas. Cependant, Schultz lui rappellera qu’il n’a pas le choix : « Vous devez parler, c’est notre seul espoir ». Ce n’est donc pas Charlot, ni le barbier qui se lève : c’est Chaplin qui prendra sa place et qui prononcera le discours, reprenant la parole à Hitler, substituant le Logos à ses éructations animales.
Pour compléter sa transition au parlant, Chaplin a dû renoncer au personnage du vagabond et adopter un personnage anti-Charlot : Verdoux. Comme le dit André Bazin, « il n’est pas un trait de Charlot qui ne soit en Verdoux retourné comme les doigts d’un gant ». À la fin lorsque l’homme se dirige vers l’échafaud,« vient alors le gag sublime, informulé mais évident, le gag qui résout tout le film : Verdoux c'était lui ! Ils vont guillotiner Charlot. Les imbéciles ne l'ont pas reconnu ». C’est donc la mort d’un personnage, mais également la mort définitive du muet.
Le compositeur
Génie multiforme, son rôle de compositeur fait partie intégrante de son œuvre ; il en est un élément-clé. Dans son inspiration, de cinéaste comme de musicien, la sentimentalité se mêle à l'ironique, au cruel, au dérisoire. Il a écrit une partie de ses musiques après-coup, avec parfois un recul de plusieurs décennies, mais elles constituent toujours un complément indispensable à la scénographie. Parmi les partitions de Chaplin, on peut citer des musiques pour les films : Une Vie de chien, Les Temps modernes, Un Roi à New York, Le Dictateur, Les Feux de la rampe, Le Pèlerin, La Comtesse de Hong Kong, Charlot soldat, La Ruée vers l'or.
Engagement politique
Statue en bronze de Chaplin à Vevey (Suisse)
Chaplin s'engage politiquement dans certaines de ses œuvres, véritables satires de la société des années 1930. Des films comme Les Temps modernes ou Le Dictateur sont respectivement une critique de la société de consommation de masse et du travail à la chaîne, et une critique des régimes politiques dictatoriaux et fascistes qui s'installent en Europe. On peut donc affirmer l'engagement politique de Charlie Chaplin dans la société de son époque. Accusé de prendre des positions communistes aux États-Unis ce que lui a valu des enquêtes du FBI, il fut une des victimes du maccarthisme au début des années 1950 et inscrit sur la liste noire du cinéma. Ce fut l'une des causes de son exil en Suisse. Dans son autobiographie, il juge sévèrement les artistes qui se convertissent en politiciens.
Controverses
Il n'existe aucune indication d'une ascendance juive de Chaplin, cependant tout au long de sa carrière, il y eut des controverses sur ses possibles origines juives. Dans les années 1930, la propagande nazie l'a constamment déclaré juif (sous le nom de Karl Tonstein) en se fondant sur des articles publiés antérieurement dans la presse américaine ; les enquêtes du FBI sur Chaplin à la fin des années 1940 ont également mis l'accent sur ses origines ethniques. Durant toute son existence, Chaplin a farouchement refusé de contester ou de réfuter les déclarations affirmant qu'il était juif, en disant que ce serait « faire directement le jeu des antisémites ». En fait, baptisé dans l'Église anglicane, Chaplin est généralement considéré comme agnostique.
Filmographie
Victoires
Caricature de Charlie Chaplin par Greg Williams (1990)
Comme Orson Welles, Alfred Hitchcock, ou Cary Grant, Charlie Chaplin n'a jamais reçu la célèbre statuette, sinon le prix honorifique. L'Oscar du meilleur acteur, ou l'Oscar du meilleur réalisateur ne lui a jamais été décerné. Il a toutefois reçu un Oscar de la meilleure musique de film en 1952 pour Les Feux de la rampe (qui est le seul film réunissant Charlie Chaplin et Buster Keaton).
Durant sa carrière, Charles Spencer Chaplin reçut deux Oscars d'honneur. Le 16 mai 1929, lorsqu'il gagna le premier, la procédure de vérification des votes n'était pas encore en place, peut-être cela influença-t-il cette victoire. Avant cette consécration, il avait été nommé comme meilleur acteur, meilleur réalisateur pour le film Le Cirque. Ce n'est que quarante-quatre ans plus tard, en 1972, qu'il remporta l'autre Oscar d'honneur. C'est lors de la réception de ce prix que Charlie Chaplin reçut la plus longue ovation du public de l'Académie Award, elle dura cinq minutes.
Il sera aussi nommé pour l'Oscar du meilleur film, l'Oscar du meilleur acteur et pour l'Oscar du meilleur scénario original. Durant toute sa carrière, Charlie Chaplin avait avoué son dédain envers l'Académie Award. Son fils, Charles Jr., écrira que son père avait provoqué la colère de l'Académie en 1930.
Récompenses
Pour gagner sa vie, film de Henry Lehrman avec Charles Chaplin
- 1925 : prix du Meilleur Film Étranger pour La Ruée vers l'or au Kinema Junpo Awards
- 1929 : Oscar d'honneur pour Le Cirque
- 1940 : prix du Meilleur Acteur pour Le Dictateur au New York Film Critics Circle Awards
- 1949 : prix du Meilleur Film Américain au Bodil Awards pour Monsieur Verdoux
- 1953 : prix du Meilleur Film Étranger au Blue Ribbon Awards pour Monsieur Verdoux
- 1953 : prix du Meilleur Film pour Les Feux de la rampe au Sindicato nazionale italiano dei giornalisti di film
- 1953 : prix du Meilleur Film Étranger pour Monsieur Verdoux au Kinema Junpo Awards
- 1959 : prix d'honneur au Bodil Awards
- 1961 : prix du Meilleur Film Étranger pour Le Dictateur au Kinema Junpo Awards
- 1971 : prix spécial au Festival de Cannes
- 1971 : commandeur de l'ordre national de la légion d'honneur
- 1972 : Oscar d'honneur : Pour son influence sur la réalisation de films de son siècle
- 1972 : prix du gala au Film Society of Lincoln Center
- 1972 : À la Mostra de Venise, il a gagné le Lion d'or en récompense de sa carrière
- 1973 : Oscar de la meilleure musique de film pour Les Feux de la rampe
- 1974 : prix d'honneur à la Directors Guild of America
- 1974 : prix de la Meilleure Réalisation pour Les Temps modernes au Prix Jussi
- 1977 : Au British Academy of Film and Television Arts, il a obtenu les amitiés de l'académie (Academy Fellowship)
- 2001 : Monsieur Verdoux a été visionné au Festival de Cannes 2001 pour une rétrospective sur la vie de Chaplin
- 2003 : Les Temps modernes a clôturé le Festival de Cannes 2003
- 2008 : Prix Henri-Langlois d'honneur (prix remis à Eugène Chaplin, son fils, Dolorès Chaplin et Charly Sistovaris, ses petits enfants)
- 1941 : Nommé pour l'Oscar du meilleur acteur avec Le Dictateur
- 1941 : Nommé pour l'Oscar du meilleur film avec Le Dictateur
- 1941 : Nommé pour l'Oscar du meilleur scénario original avec Le Dictateur
- 1947 : Nommé pour l'Oscar du meilleur scénario original avec Monsieur Verdoux
Anecdotes
- Lors d'un concours de sosies de Charlie Chaplin organisé à San Francisco, le cinéaste se présente incognito mais il ne se classera que troisième.
Hommages
L'étoile de Charlie Chaplin sur la Walk of Fame
- Charlie Chaplin reçoit la Légion d'honneur en mars 1931.
- La reine Élisabeth II le nomme Chevalier commandeur de l'Ordre de l'Empire britannique (KBE) en 1975, lors d'une cérémonie à Buckingham Palace où est diffusée la musique de Les Lumières de la ville.
- Lorsqu'un prix spécial lui est remis au Festival de Cannes en 1971, il est accueilli par un tonnerre d'applaudissements de plusieurs minutes. Chaplin, alors âgé de 82 ans, est profondément ému et malgré son âge refait son fameux tour de canne, avec la canne du ministre de la culture de l'époque Jacques Duhamel.
- Le cercueil de Charlie Chaplin a été volé le 2 mars 1978 au cimetière de Corsier-sur-Vevey. Onze semaines plus tard, il est retrouvé dans un champ à Noville, intact. Actuellement se dresse à cet endroit un monument à la mémoire de Charlie Chaplin, résident « posthume » et involontaire. Ce lieu est après sa tombe et son manoir, l'endroit de visite de nombreux admirateurs.
- Sa tombe au cimetière de Corsier-sur-Vevey, reçoit beaucoup de visite d'admirateurs. Elle est voisine de celle d'un compatriote et ami, l'acteur James Mason.
- 1987 : La canne et le chapeau melon de Charlot sont vendus 82 500 livres (environ 110 000 euros).
- Le chanteur américain Michael Jackson lui rend hommage en reprenant sa chanson Smile dans son album HIStory sorti en 1995.
- Roberto Benigni lui a rendu hommage dans La Vie est belle : le numéro de prisonnier joué par ce dernier a été copié de celui du Dictateur.
- Sur la célèbre avenue hollywoodienne, Walk of fame, il y a une étoile dédiée à Charlie Chaplin.
- Au musée londonien Madame Tussauds ainsi qu'au Musée Grévin à Paris, Charlie Chaplin a sa statue en cire.
- Depuis 1983, à Corsier-sur-Vevey, une course pédestre, lui rend hommage chaque année le dernier samedi du mois d'août.
- Le chanteur américain Jonathan Kovacs alias J-Five rend hommage à Charlie Chaplin dans la chanson Modern Time (ayant bénéficié de la participation de la petite fille du cinéaste, Dolores Chaplin).
- Charlot est imité par Gloria Swanson dans une scène de "Boulevard du crépuscule" de Billy Wilder (1950).
- Un musée entièrement consacré à son œuvre devrait ouvrir à Corsier-sur-Vevey à la fin de l'année 2015, dans et autour du Manoir de Ban où l'artiste a vécu.
Sources: wikipedia.org
Pas de lieux
06.04.1916 | Charlie Chaplin (aged 26) became highest-paid film star in world by signing a contract for $675,000
05.02.1919 | Čaplins, Fērbenkss, Pikforde un Griffits nodibina kinokompāniju United Artists, kura darbojas joprojām
Četri mēmā kino aktieri un entuziasti nodibināja kompāniju United Artists Corporation sākotnēji tikai savu interešu realizācijai. Gadu gaitā tā izaugusi par milzīgu korporāciju, kura gan producē filmas, gan nodarbojas ar to nomu un izplatīšanu.
29.10.1929 | Black Monday, a day in the Wall Street
Black Monday, a day in the Wall Street Crash of 1929, which also saw major stock market upheaval.
15.12.1939 | Gone with the Wind
19.09.1952 | Charlie Chaplin refused entry to USA for having 'socialist sympathies'.
19.09.1952 | В США актёру Чарли Чаплину предъявлено обвинение в сочувствии коммунистам
19.09.1952 | US prevented Charlie Chaplin from entering the country due to his alleged 'communist sympathies'
08.04.1971 | Journée internationale des Roms
13.08.1976 | Journée internationale des gauchers
10.02.2015 | Zādzība par miljonu - Parīzē nozagts Čārlija Čaplina "Oskars"
Zādzība par miljonu. Parīzē nozagts Čārlija Čaplina "Oskars"